Pot de fer contre pot de terre

Hervé et Véronique Fritz se battent depuis des mois pour obtenir un corps de ferme avec une vingtaine d’hectares autour. Terrain qui selon eux, ne veut pas leur être cédé.

C’EST l’histoire d’un agriculteur qui est parti de rien pour arriver au métier qu’il a toujours voulu faire. Hervé Fritz, Parisien de naissance, a effectué son adolescence dans la Marne, à Châlons-en-Champagne, avant de commencer à bâtir ce qu’il possède aujourd’hui. « Au début, j’ai acheté deux vaches et une brouette, se souvient-il, petit à petit, cela a été des morceaux de terres, un tracteur, etc. »

Devenir propriétaire

Aujourd’hui, Hervé Fritz vit avec Véronique, sa femme, et leurs six enfants, âgés de 2 à 22 ans à Belleville-et-Châtillon-sur-Bar dans une ferme et un terrain de 42 hectares que Hervé loue à sa mère. Ils possèdent une quarantaine de vaches allaitantes, une méthode d’élevage conçue pour la production des veaux.
Depuis septembre, il se bat avec la Safer (société d’aménagement foncier et d’établissement rural) pour obtenir un corps de ferme et environ 25 hectares de terrain, mis en vente par celle-ci. Il souhaiterait devenir enfin propriétaire pour avoir une certaine sécurité dans son métier.
Mais selon lui, la Safer ne cesse de lui mettre des bâtons dans les roues pour acquérir ce terrain. « C’est un corps de ferme qui était avant un centre de l’enfance. L’activité s’est arrêtée et il a été mis en vente. J’ai l’impression que la Safer ne veut pas vendre ce terrain à un petit agriculteur comme moi mais plutôt à de gros exploitants. »
Et un gros exploitant, il y en a un qui s’est manifesté pour racheter le terrain tant convoité. « Cette personne possède plus de 350 hectares sur Nouart. C’est vraiment le pot de fer contre le pot de terre. »
Et la famille Fritz a les arguments pour mettre leur dossier en avant : « Nous avons des finances saines avec aucun crédit, justement, cela fait tellement longtemps que l’on attend de pouvoir acheter quelque chose. Les 180 000 euros, la banque nous les prêtera. Ensuite, j’ai quatre fils derrière dont deux qui vont entrer en école d’agriculture et qui pourront me suivre. »
Comme leur appel à la Safer ne trouvait aucun écho, ils ont écrit à la majeure partie des élus du département et de la région (députés, maires, conseillers) mais aussi à l’organisme agricole et à la chambre d’agriculture. Des courriers qui n’ont pour l’instant pas été suivis d’effets positifs. Mais Hervé Fritz veut garder l’espoir de s’installer bientôt à Nouart : « On peut espérer que la Safer fasse marche arrière. Ils jouent mal leur rôle, je ne sais vraiment pas ce qu’ils ont contre nous. »
La Safer a tenté de trouver une solution en proposant d’autres terrains à Vandy, Boult-aux-Bois, Bairon mais des lieux « bien moins intéressants », selon la famille Fritz. « Au pire des cas je prendrais Bairon », affirme Hervé Fritz.

« 22 kilomètres, c’est trop »

Joint par téléphone, Daniel Duriez, directeur général de la Safer, estime que le dossier est clos… depuis quatre mois ! « La candidature de M. Fritz n’a pas été retenue. Nous avons privilégié des candidatures sur Nouart. La famille Fritz était à 22 kilomètres, c’était trop loin. » En contrepartie, la Safer confirme avoir proposé le terrain de Bairon (Sauville) avec 10 hectares propres plus 7 loués au conseil général.
« Nous n’avons en aucun cas à rougir de ce choix. Sur Nouart, la surface en question a été cédée à une personne qui se spécialise dans les gîtes ruraux. Et une autre s’est installée pour une production laitière et de viande. »
L’affaire serait donc réglée sauf que les Fritz ne veulent pas lâcher l’affaire : « En aucun cas nous n’avons reçu de notification comme quoi le corps de ferme a été vendu. Et si tel était le cas, je dispose de six mois pour faire appel », rétorque Véronique Fritz, qui, avec Hervé, son mari, ont la… ferme intention de se battre jusqu’au bout.
Timothé CREPIN

Article paru sur l’Ardennais du 20 juillet 2012:

http://www.lunion.presse.fr/article/ardennes/pot-de-fer-contre-pot-de-terre

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