Les abeilles s’urbanisent

SEDAN (Ardennes). Jusqu’alors on pensait plutôt que les abeilles butinaient exclusivement dans nos vertes campagnes, les voilà aujourd’hui installées au beau milieu de la ville. Il paraît qu’elles apprécient.

AU départ, l’idée vient d’un salarié de France Telecom Orange, qui avait eu l’idée d’installer une ruche sur un toit d’immeuble à Paris. La démarche pouvait paraître un peu bizarre et pourtant, on s’est rapidement aperçu que nos vaillantes petites abeilles semblaient aux anges depuis qu’on leur avait fait découvrir la vie en métropole. Elles butinaient à n’en plus pouvoir, bossaient comme des dingues, et produisaient un miel de grande qualité dans lequel – tenez-vous bien – on n’a jamais pu déceler la moindre trace de monoxyde de carbone. Décidément, ces adorables petites hyménoptères ne cesseront de nous étonner…

La société France Telecom Orange, très soucieuse de la R.E.S. (Responsabilité sociale des entreprises) et notamment de sa contribution aux enjeux du développement durable, a été séduite par l’initiative de ce salarié apiculteur et a décidé d’en faire une opération nationale, baptisée « Let it bee ».
Vingt sites ont été choisis en France pour installer des ruches au cœur de nos villes dont un seul en Champagne-Ardenne, à savoir Sedan.

Trois ruches ont donc été installées la semaine dernière sur le toit de l’imposant bâtiment abritant le central téléphonique de la ville, situé au 2 rue Mac Donald.

Pour ce faire, il a été fait appel à Francis Portier, apiculteur installé à Grandchamp, qui plus est, ancien salarié de France Telecom.

« Il faut savoir que les campagnes s’appauvrissent au niveau des diversités polliniques, et ce en raison notamment des pesticides. Les abeilles ont donc beaucoup moins de choix pour butiner. Or on sait que les abeilles ont besoin de biodiversité pour être en parfaite santé. Si par exemple, des abeilles devaient se nourrir uniquement de colza, elles produiraient certes du miel, mais elles finiraient par se fragiliser et leur population baisserait irrémédiablement à l’issue de chaque hiver », explique Francis Portier, dont la passion pour l’apiculture nous est apparue encore plus admirable lorsqu’il nous a révélé être tout particulièrement allergique aux piqûres d’abeilles.

Cela fait maintenant une petite semaine que nos « nouvelles copines » ont élu domicile dans la cité de Turenne et elles ont sans doute commencé leurs repérages, histoire de voir ce qu’il y avait à se mettre sous la « dent » dans le secteur.
Francis, lui aussi, avait fait le tour du propriétaire afin de faire l’inventaire du garde-manger : « Pour l’instant, il fait encore trop frais donc elles ne vont guère sortir, mais si le temps se remet au beau, elles vont sans doute se ruer sur le trèfle blanc et sur les massifs floraux de la ville bien sûr, même si elles ne butinent que certaines fleurs bien précises. Il y a également dans le secteur des acacias, des tilleuls, des châtaigniers qui devraient faire leur bonheur. Et puis il y a aussi pas mal de jardins. Les abeilles adorent les jardins. »

Bon, eh bien, il n’y a plus qu’à leur souhaiter un peu de soleil et un bon appétit.

Olivier RAYNAUD

Article publié dans l’Ardennais:

http://www.lunion.presse.fr/article/ardennes/les-abeilles-surbanisent

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