Lycée de Bazeilles : le transfert aura bien lieu
Les parents d’élèves ont fait une requête en référé pour annuler le transfert de l’enseignement général du lycée de Bazeilles. Le juge l’a rejetée.
Nouveau rebondissement au lycée de Bazeilles. En début d’année, le DASEN (Directeur académique des services de l’éducation nationale) avait fait savoir qu’il souhaitait transférer l’enseignement général à Pierre Bayle, à Sedan. Le but : faire du lycée de Bazeilles un pôle d’excellence en hôtellerie/tourisme.
« Il faut résister à tout prix »
Un argument qui n’avait pas convaincu professeurs et parents d’élèves. Ils s’inquiètent aussi de la nouvelle organisation que ce changement allait leur demander et des conséquences sur le bien-être de leurs enfants. Si, dans la rue, le mouvement de contestation avait moins fait parler de lui ces derniers temps, les parents d’élèves n’ont pas renoncé à se battre. Ils ont seulement changé de terrain en troquant les pavés contre le tribunal.
« Il faut résister à tout prix », a toujours été le mot d’ordre de Sophie Perrin, présidente de l’association des parents d’élèves du lycée de Bazeilles. Cette dernière vient de mener une action en référé contre le rectorat pour demander la suspension du transfert de la filière générale du lycée de Bazeilles au lycée Pierre Bayle. La décision d’aller au tribunal administratif a été prise en février dernier. « Le 12, nous avons eu un Conseil d’Administration. On a demandé ce qui allait être présenté aux visiteurs lors de la journée porte-ouverte du 9 mars. On nous a répondu qu’on présenterait un lycée sans filière générale. On a décidé de quitter le CA car on était scandalisés ! », raconte Sophie Perrin. Ça a été un vrai choc pour ceux qui sont contre le transfert. « On sait que de toute façon le recteur a le pouvoir de décision à la fin. Mais ce qui me dérange, c’est qu’on présente un lycée sans filière générale alors que la décision n’a pas encore été actée et que tout le processus démocratique n’est pas terminé ! », s’agace Emmanuel Jacquemin, parent d’élève.
L’audience en référé a eu lieu le 8 avril. « On avait un bon avocat et on a mis en difficulté le rectorat mais on sait que le juge pourrait rejeter notre requête au titre qu’on ne peut pas attaquer une décision si elle n’a pas encore été actée », précisait Sophie Perrin, avant le délibéré, le vendredi 12 avril. Et c’est exactement la raison qu’à invoquée le juge pour rejeter le référé dans l’ordonnance rendue ce même jour. Sa décision a été motivée d’autre part par le fait qu’il n’y avait pas encore de préjudice pour les requêrants.
L’association des parents d’élèves était plutôt confiante au sortir de la première audience, c’est pourquoi la pilule a été d’autant plus difficile à avaler. « On est vraiment très déçus, se désolait la présidente. Mais on va continuer à montrer notre désaccord, peut-être pas en manifestant mais en boycottant les CA, par exemple ».
« Tout ça, c’est le résultat d’une politique de casse du service public »
Juridiquement, les parents d’élèves ont deux solutions, se pourvoir en cassation dans les quinze jours ou attendre que la décision de transfert soit actée, à la rentré, pour retenter un référé. « Je pense qu’on retentera en septembre. On est déterminés », lance-t-elle avant de conclure sur un note plus générale et avec beaucoup de pessimisme : « Tout ça c’est le résultat d’une politique qui dure depuis très longtemps, de casse du service public et on est en ligne de mire de celle-ci car on est un pauvre petit territoire. Au moins, on aura tenté quelque chose mais si l’enseignement général venait réellement à fermer à Bazeilles, on peut être sûrs que dans cinq ou six ans, c’est tout le lycée qui fermera. Comment peut-on tenir et être rentables avec seulement 500 élèves ? »
Orianne Roger
Article paru dans la Semaine des Ardennes du 18 avril 2013: