Projet de fermetures des collèges du Chesne et de Buzancy : « Rien de décidé »
Patrice Dutot (Dasen) répond aux craintes de fermetures de sites de collège. Si la volonté de regrouper est affirmée, rien ne serait arrêté et l’heure reste à la « concertation ».
VOICI une voix qui manquait au chapitre. Au centre des débats de la réunion organisée mardi par les parents d’élèves du Chesne, le directeur académique des services de l’Éducation nationale (ou Dasen), Patrice Dutot, nous a accordé un entretien. Il y fait le point sur ses projets de regrouper les différents sites de plusieurs collèges, motivés davantage par des considérations « pédagogiques » que par la nécessité de faire des économies.
Patrice Dutot, en quoi consiste exactement votre démarche actuelle auprès des acteurs de collèges multisites ?
« Il s’agit de présenter l’évolution envisagée du réseau éducatif. Elle concerne aussi bien l’école, que les collèges ou le lycée. Cette évolution est liée en grande partie à la démographie.
On voit à travers la démarche d’excellence des pôles scolaires du premier degré (maternelle-élémentaire, NDLR) que le regroupement fonctionne très bien.
Il y a 32 pôles, un très bon maillage départemental. Les Ardennes servent souvent d’exemple au niveau national.
Plus généralement, le regroupement répond à des objectifs de réussite pédagogique et d’amélioration du « vivre ensemble ».
Les opposants à vos projets y voient plutôt la volonté de réaliser des économies.
« Pas du tout, ce n’est pas une question d’économie. On ne retire pas de moyens, c’est un projet ambitieux.
Le but est d’améliorer la visibilité du parcours scolaire pour les parents.
« Pas dans l’affrontement »
Au regard du cycle d’adaptation (la 6e) comme du cycle d’orientation (la 3e), il paraît souhaitable de favoriser l’unité du projet pédagogique, qui n’est pas favorisée par la distance.Quand je constate qu’une partie de la DHG (la Dotation Horaire Globale, le volume d’heures dévolu au fonctionnement des enseignements, NDLR) est consommée en temps de transport entre les sites, je préférerais qu’elle serve plus directement à la pédagogie.
C’est simplement une question d’organisation.
Huit mois après mon arrivée, je trouve que le diagnostic posé en 2005 reste pertinent. »
Quelle place peut avoir la concertation dans une démarche aux orientations si affirmées ?
« Rien n’est décidé définitivement. Je ne suis pas dans l’affrontement, mais dans une phase de présentation d’une évolution, dont j’essaie de montrer tout l’intérêt qu’elle aurait pour les élèves.
À ce titre, je rencontre les conseils d’administration et, juste avant, les élus concernés.
C’est ce que j’ai fait systématiquement à Vouziers, à Buzancy-Grandpré et ce que je ferai prochainement à Givet.
Je note bien ici et là quelques réactions et j’y suis attentif.
Pourquoi pas des réunions publiques ? Je suis tout à fait d’accord pour rencontrer tous les acteurs, si les conditions d’un réel échange sont réunies bien sûr.
J’ai lu qu’on me soupçonnait de vouloir « endormir tout le monde ». Déjà, dire cela, c’est dire que l’on s’est rencontré. Et ma démarche est plutôt celle d’un apaisement.
Je ne veux endormir personne, mais au contraire, tout faire pour rendre au maximum les élèves éveillés. »
Propos recueillis par Jacques BERTHION
Article paru dans l’Ardennais du 15 décembre 2013:
« Il ne s’agit pas de désertifier le monde rural »
Que répondez-vous à ceux qui dénoncent un coup porté à la ruralité et à ses structures, notamment économiques ?
« Je suis extrêmement attentif à ces questions et je n’oublie pas l’impact que peuvent avoir ces évolutions. L’Éducation nationale est quasiment le premier employeur du département, je comprends donc ces inquiétudes. Mais mon expertise ne concerne que l’école. Je voudrais qu’on ne sorte pas du territoire de l’école, sachant qu’il n’y a pas la volonté de casser quelque chose qui fonctionne bien, mais plutôt d’accompagner la réussite des élèves. Il ne s’agit pas de désertifier le monde rural mais au contraire, après les regroupements, de consolider les ancrages dans la durée. »
Lors de la réunion de mardi, certains ont déploré les étiquettes parfois collées sur le dos des élèves de collèges ruraux : manque d’ambition, incapacité à la mobilité, etc. Votre projet s’appuie-t-il sur des considérations de ce type ?
« Pas du tout. La seule différence, c’est la géographie. J’ai une vision d’égalité pour chaque enfant et si je croyais à la moindre forme de déterminisme, je ne travaillerais pas dans l’Éducation nationale. »
http://www.lunion.presse.fr/article/autres-actus/il-ne-sagit-pas-de-desertifier-le-monde-rural
Où ? Quand ?
Des fermetures auront-elles lieu pour les quatre établissements ardennais en multisite ? Toutes en 2013 ?
« En 98, on a déjà fermé des multisites, il en reste aujourd’hui 4, dans des configurations assez différentes. Les sites devaient rester ouverts pour une période transitoire de deux ans et là, ça fait 14 ou 15 ans.
Je ne ferme aucun collège. Un regroupement n’est pas une fermeture.
Je n’exclus pas que certains sites soient concernés en 2013, puis 2014 et 2015. Mais je suis convaincu qu’ensuite, il ne faut plus que ça bouge pour une durée de 5 à 10 ans. »
Les inquiétudes liées à une fermeture à terme de Grandpré-Buzancy, malgré un regroupement préalable entre ces deux sites (qui ne cumuleraient toujours pas « assez » d’élèves) sont-elles justifiées ?
« Il n’y a absolument aucun projet dans ce sens et pour moi, ce n’est pas souhaitable.
Le regroupement se ferait bien à Grandpré, mais durablement. Pourquoi met-on en avant le nombre de 300, 400 élèves comme un périmètre de référence ?
Tout simplement parce qu’il permet d’avoir 3 ou 4 divisions par niveau, donc une vraie dynamique, des emplois du temps cohérents avec des équipes sur place qui dispensent un enseignement dans la pérennité. »
Au regard du calendrier, quelles seront les dates importantes ?
« Je ne suis ni en retard ni en avance. Il est prévu que je revienne échanger au moins une fois en janvier puis en février et ensuite les établissements, à travers la commission permanente et le conseil d’administration, s’exprimeront.
Cela nous amènera en février ou mars, on a encore le temps.
Je ne suis pas pressé, je me sens bien dans les Ardennes et je compte y rester. Je ne suis pas de passage. »
http://www.lunion.presse.fr/article/autres-actus/ou-quand