Touche pas à mon collège

LE CHESNE (Ardennes). Mardi soir, près de deux cents personnes ont participé à une réunion d’information et d’opposition au projet de fermeture du collège du Chesne. La résistance qui s’organise paraît déterminée.

LA salle du foyer rural était pleine, mardi soir, pour la réunion publique organisée par l’AAPECE (Association autonome des parents d’élèves du Chesne et de ses environs).
Près de 200 personnes ont participé aux débats dirigés par Bruno Deswaene, maire de Sy et ancien président de l’association, Elodie Gardan et Carine Delmas, respectivement présidente et vice-présidente actuelle.
Le déroulé de la soirée a répondu à plusieurs objectifs successifs.
Faire le point sur la menace. Si aucune annonce officielle de fermeture de site pour septembre 2013 n’a encore été faite, plusieurs intervenants ont rapporté des échanges assez révélateurs avec le DASEN (Directeur Académique des Services de L’Education nationale)*. Plus un ensemble d’éléments troublants.
Pour une intervenante, il a été annoncé au conseil d’administration du collège de Raucourt l’arrivée d’élèves du Chesne en 2013. Pour un autre, les transports scolaires font déjà l’objet d’un projet de réorganisation.

S’indigner de la méthode

Parmi les plus remontés, lors de la réunion, figuraient les élus ardennais, peu habitués à être si peu au parfum. « Depuis que le Dasen est arrivé, en mai, il n’a jamais pris rendez-vous avec moi, a déploré le sénateur Marc Laménie. Il n’a jamais consulté les élus et on est mis devant le fait accompli. J’ai l’impression qu’il veut endormir tout le monde, je n’ai pas confiance en lui ! »
Certains dans la salle en étaient convaincus : « Le Dasen prend la température, il regarde si on bouge. »
Tordre le coup à des fausses idées et des rumeurs. Bruno Deswaene s’est efforcé de relayer des études et statistiques sur le nombre d’élèves par classe ou la réussite au brevet. Les orateurs ont également tenu à démentir plusieurs rumeurs, selon lesquelles, par exemple, le futur pôle scolaire d’Attigny viserait à accueillir des élèves du Chesne (il n’était en fait « plus aux normes » et le projet était prévu de longue date) ou que les élus seraient au courant des menaces depuis des mois.
Imaginer concrètement la fermeture. Jacques Morlacchi, conseiller général du Chesne, a rappelé un souvenir datant de la fermeture du site de Mouzon au profit de Raucourt. « Le conseil général nous avait alors dit : « C’est le conseil d’administration qui a voté ». On était alors partis de ce principe. Mais aujourd’hui, M. Dutot (le Dasen) a bien dit :  »C’est moi qui décide, par délégation du recteur ». »

Des options menacées

Concrètement, ce sont les options qui paraissent menacées au premier plan. A ce sujet, dans la foulée du député Warsmann qui soulignait que la demande rurale n’avait pas les exigences d’un site urbain, la salle s’est indignée : « En plus, on nous prend pour des imbéciles ! On a les mêmes options qu’à Raucourt, et Vouziers a quoi en plus ? Seulement l’espagnol ! »
Entrevoir les conséquences à moyen et long terme. Gérard Deglaire, maire du Chesne, l’a souligné : perdre un collège, c’est perdre beaucoup plus. Les familles s’installeront forcément moins dans le secteur, elles feront leurs courses ailleurs, etc.
« Sur ce plan, ils ont déjà un peu gagné, a ajouté une dame. Tout le monde parle de cette menace sur le collège, alors forcément, les gens qui s’installent en tiennent compte. »
Ce ne serait pas non plus une bonne nouvelle pour Vouziers, dont le maire soutient le mouvement d’opposition. A terme, le lycée pourrait en pâtir, a fait remarquer quelqu’un. Deux personnes ont ramené les échanges à un cadre plus global : « On met aujourd’hui l’humain au service de l’économie. C’est une stratégie de destruction de la ruralité. »

Jacques BERTHION

Le Dasen, contacté, nous accorde un entretien téléphonique très prochainement, dont nous informerons nos lecteurs.

Article paru dans l’Ardennais du 13 décembre 2012:

http://www.lunion.presse.fr/article/ardennes/touche-pas-a-mon-college

Quel moyen d’action ?

Jean-Luc Warsmann l’a rappelé : « Une première tentative de fermeture a eu lieu en 2005-2006. Il y a eu un an de manifestations, toute la société s’est révoltée. Et le projet a été retiré. Je n’ai pas changé d’avis : les collèges n’ont pas pour premier rôle l’aménagement du territoire mais de fournir un bon enseignement pour les enfants. »
« La machine est repartie, plus subtilement, pour ne pas avoir trop de protestations. Le seul moyen d’arrêter la mécanique, c’est que les habitants, les parents d’élèves, les élus et les enseignants prennent position. Il faut que vous vous leviez tous, et que vous vous serriez les coudes. Je ne peux rien vous garantir, à part deux choses : si vous ne faites rien, le collège fermera. Et s’il ferme, il ne rouvrira pas. »
Bruno Deswaene avait auparavant parlé d’une stratégie de résistance. « Il faut éviter au maximum des mesures impopulaires, comme bloquer Le Chesne, mais l’action sera progressive » a-t-il prévenu.
Des autocollants, des tracts ont été et vont être diffusés. L’idée d’un cahier de doléances, qui en 2005 avait réuni des protestataires aux profils variés, va être réutilisée.
Des banderoles pourraient apparaître aux fenêtres des maisons du secteur et une opération « ville morte » sera étudiée. Des manifestations sous les fenêtres des acteurs du dossier sont possibles.
Pour faire le point sur les prochaines actions, les parents d’élèves donnent rendez-vous aux volontaires jeudi 20 décembre à 20 h 30 devant l’école.
Par ailleurs, une pétition est en ligne (taper « pétition collège le Chesne » dans un moteur de recherche). Elle dépassait hier les 425 signatures.

http://www.petitionduweb.com/Petition_non_a_la_fermeture_du_college_du_chesne-37227.html
Enfin, côté politique, les réunions du conseil général et de la communauté de communes de l’Argonne ardennaise (2C2A) devraient être l’occasion d’évoquer à nouveau ce sujet d’importance.

Article paru dans l’Ardennais du 13 décembre 2012:

http://www.lunion.presse.fr/article/autres-actus/quels-moyens-daction

Buzancy, un « combat commun »

Présents dans la salle, quelques élus et parents d’élèves étaient venus de Buzancy et des environs pour partager la lutte. « On a un peu de retard par rapport à vous, mais on mène un combat commun », a déclaré Jean-Claude Etienne, maire de Buzancy. « On est en état de guerre, et plus on sera nombreux, plus on lui fera peur. »
Francis Potron, maire de Bar-lès-Buzancy, a souligné une bizarrerie : « Imaginons qu’on regroupe Buzancy et Grandpré, on sera encore loin des 300 élèves dont on nous disait qu’ils étaient nécessaires pour avoir un collège. Donc il est possible que des élèves de votre secteur viennent chez nous. Ou alors, on ferme notre collège deux ans plus tard… »

Article paru dans l’Ardennais du 13 décembre 2012:

http://www.lunion.presse.fr/article/autres-actus/buzancy-un-combat-commun

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