Le Dasen persiste et signe
Le patron des services de l’Éducation nationale a confirmé hier son projet d’évolution du réseau des établissements. Avec certes de solides arguments.
DÈS la rentrée 2013, fermeture du Chesne et regroupement de tous les collégiens et personnels sur Vouziers, fermeture de Buzancy et regroupement des élèves et personnels sur Grandpré. Voilà pour les collèges multisites « qui n’avaient d’ailleurs de »multisites » que le nom, car il n’y avait aucune unité de cycles : il s’agissait de petits collèges juxtaposés », selon M. Dutot.
Toujours dès 2013, transfert des filières générales du lycée de Bazeilles vers le lycée Pierre-Bayle de Sedan, pour faire du premier nommé un pôle interrégional centré sur l’hôtellerie et le tourisme, un vrai « vaisseau amiral du genre », selon M. Dutot encore.
Et regroupement à Revin des classes littéraires des lycées de Givet (où il n’y a plus « que » sept élèves en 1re L et douze en Terminale L) et Revin mais création à Givet d’une spécialisation autour du nucléaire, formation en alternance avec les sites d’EDF. Voilà pour les lycées.
Au cours d’un point presse, hier matin, Patrice Dutot, directeur académique des services de l’Éducation nationale dans les Ardennes (Dasen), a confirmé point par point ses propositions de réforme du réseau des établissements. Tout en préférant le mot « évolution ».
En poste depuis le mois de mai, Patrice Dutot a évité toute langue de bois. Il a reconnu, dans ce département, « porter un héritage, sans pour autant souhaiter réveiller le passé. »
Sous-entendu : il y a des problèmes récurrents qu’il faut bien finir par trancher pour être tranquille, ensuite, « pendant cinq à dix ans ». « On ne va pas tous les ans se demander s’il faut maintenir tel site, telle filière. Il faut en finir avec les marronniers. »
Et dans un département toujours confronté à une décrue démographique, qui a fait l’objet ces dernières années de dizaines de suppressions de postes, il a rendu un hommage appuyé à Benoît Huré – « Le diagnostic de 2005 reste pertinent : l’intérêt pédagogique prime et l’évolution achevée, les structures seront pérennisées » – tout en se félicitant d’être au service d’un gouvernement qui a fait de l’éducation sa priorité et a confirmé les dotations (en moyens, postes et heures) pour la rentrée (ce qui, compte tenu de la baisse du nombre d’élèves, est synonyme de hausse des ratios profs/élèves).
Décidément fin politique (au service du service public, bien sûr, premier employeur du département), le Dasen a aussi argué (et surfé sur) des débats actuels qui agitent les Ardennes : « Alors qu’on définit des bassins de vie, le réseau éducatif doit s’y adapter, sur Revin-Givet, sur Sedan-Charleville… ».
D’où cette formule : « L’Éducation nationale n’est pas un dinosaure mais un caméléon. Elle est proactive, elle s’adapte et écrit l’histoire. »
Enfin et surtout, Patrice Dutot s’est défendu de faire des économies sur le dos des établissements concernés (par les mesures), et dos des élèves, familles, enseignants et populations des territoires. Bien au contraire : « Il faut savoir que sur un multisite, on peut avoir jusqu’à un cinquième de la dotation horaire (heures d’enseignements, NDLR) qui est consacré aux trajets d’un lieu à l’autre. Ainsi, sur Vouziers-Le Chesne, par exemple, nous allons conserver les mêmes moyens mais gagner une centaine d’heures, soit quatre divisions. »
Là-dessus, il va falloir encore convaincre, car les levées de boucliers et les blessures demeurent.
« Je comprends les questions, elles sont légitimes. Pour le transport, on travaille avec le Département. J’écoute, je dialogue. Il faut comprendre que c’est le travail remarquable des enseignants que devons accompagner. »
Voilà donc pour 2013. Sachant que le Dasen a aussi fait part hier de ses vues à moyen terme.
A défaut de marronnier, disons que « le réseau scolaire ardennais du XXIe siècle » à la modernisation duquel s’attelle le directeur n’a pas fini de remplir de nombreuses feuilles… de pétitions.
Philippe MELLET
Article paru dans l’Ardennais du 17 janvier 2013:
http://www.lunion.presse.fr/article/ardennes/le-dasen-persiste-et-signe