L’avenir des collèges du Vouzinois / Une chasse aux sorcières ?

L'avenir des collèges du Vouzinois / Une chasse aux sorcières ?

VOUZIERS (Ardennes). Bruno Deswaene s’est vu signifier l’arrêt de ses interventions pour l’Education Nationale. Opposant à la fermeture des sites de collèges, paie-t-il là son combat de maire ?

C’EST un dossier où la forme interrogative finit, hélas, par s’imposer.
On a beau fouiller, difficile d’entrer dans la tête de celui qui prend une décision et d’en distinguer avec certitude les motivations.
D’autant plus lorsque la personne en question ne souhaite pas s’exprimer sur ce point (lire ci-dessous).
Il reste que le nouvel épisode rapporté par Bruno Deswaene, maire du village de Sy, apparaît troublant au regard de l’affrontement entre la Direction Académique des Services de l’Éducation Nationale (Dasen) et les opposants aux fermetures de sites de collèges, un temps envisagées pour la prochaine rentrée, puis reportées au profit d’une concertation et de la mise en place de groupes de travail.
Psychologue de métier, Bruno Deswaene s’est particulièrement investi dans cette lutte. Maire d’une commune du canton du Chesne, mais aussi ancien président de l’association de parents d’élèves du chef-lieu, il avait notamment, en décembre 2012, animé une réunion d’information fondatrice pour l’opposition et participé à plusieurs manifestations.
Mais l’élu possédait une autre casquette, celle d’intervenant extérieur auprès des enseignants, dans le cadre de la formation continue.
« Par le biais de la MGEN (NDLR : Mutuelle générale de l’Éducation nationale), j’anime des conférences et des ateliers sur la gestion du stress. Mais le président de la MGEN m’a annoncé que, sur demande expresse du Dasen, les dernières journées de formation n’auraient pas lieu. »
Précisons que, les enseignants participant à ces réunions sur leur temps de travail, le Dasen peut tout à fait prendre cette décision.

« Un maire ne peut pas s’exprimer ? »

Ce qui interpelle Bruno Deswaene, c’est la motivation de cet arrêt en cours de session (trois demi-journées sur quatre avaient déjà été menées). « On me reproche ma position de maire et ma défense du site du Chesne ! Mais lors de mes interventions, je ne parle pas du tout de ça ! Ce serait complètement déplacé, contraire à l’éthique. D’ailleurs, j’ai toujours eu de très bonnes évaluations de la part des stagiaires. »
Le « psy de Sy » ne digère pas non plus que les enseignants ne soient pas informés des raisons de l’arrêt. « Je ne veux pas qu’on mette en cause mes compétences professionnelles. Ce n’est pas l’Éducation Nationale qui me fait vivre (*), mais cette façon de faire me pose problème. C’est une position très seigneuriale et, si on est capable de le faire avec moi, pourquoi pas avec les enseignants ? N’ai-je pas le droit d’exprimer librement mon désaccord, en tant que maire ? C’est une attaque assez importante de la démocratie. Les gens sont effarés mais ont peur d’affronter le Dasen. Moi, j’ai envie que ce genre de pratiques cesse. »

Jacques BERTHION

* Il travaille par ailleurs en cabinet et enseigne à l’université.

Article paru dans l’Ardennais du 6 avril 2013 :

http://www.lunion.presse.fr/article/ardennes/lavenir-des-colleges-du-vouzinois-une-chasse-aux-sorcieres

Silence radio des décisionnaires

Nous avons tenté de contacter le Dasen, Patrice Dutot.
Depuis le début du dossier des collèges, le responsable ne refuse jamais de communiquer et s’explique sur l’état de ses projets, pour ne pas laisser ses opposants à leurs questions.
Cette fois, on pouvait se demander quelle position il allait adopter : nier tout rapport entre l’arrêt des interventions de Bruno Deswaene et son engagement, ou au contraire l’assumer, par crainte d’une confusion possible entre ces deux éléments. Ou encore démentir son rôle dans l’arrêt des interventions.
Mais de façon surprenante, le Dasen n’a jamais répondu à notre courriel. Quand nous avons rappelé sa collaboratrice, celle-ci a seulement pu nous dire « qu’il n’avait pas demandé à nous rappeler ».
L’essentiel des questions demeurera donc sans réponse.

On nous raccroche au nez !

Le président de la MGEN, Pierre Brousmiche, a fait encore plus fort. Certes, on imagine bien la difficulté de nous confirmer que la tête de son intervenant lui aurait été demandée par la Dasen, un partenaire précieux pour la MGEN.
Si c’était le cas, M. Brousmiche pouvait facilement nous dire qu’il refusait de répondre à nos questions.
Mais c’était, semble-t-il, demander trop de courtoisie. Après un autre courriel resté lui aussi sans réponse, nous avons joint le président, en commençant par nous présenter.
Réponse rapide : « Excusez-moi, je suis en réunion ». Alors qu’on s’excusait à notre tour, en demandant à quelle heure rappeler, notre interlocuteur nous a raccroché au nez !
Bien sûr, il doit s’agir d’un simple malentendu. Mais nous attendons toujours d’être rappelé. À moins que la réunion, commencée jeudi après-midi, ne soit toujours en cours…

Article paru dans l’Ardennais du 6 avril 2013 :

http://www.lunion.presse.fr/article/autres-actus/silence-radio-des-decisionnaires

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