La menace de fermeture de collèges s’invite en conseil communautaire

VOUZIERS (Ardennes). Pas d’unanimité pour le maintien des sites de collèges menacés au conseil communautaire. Lundi soir, le débat entre élus n’a pas débouché sur le vote d’une motion de soutien.

Le soutien de la 2c2a n’est pas encore dans le cartable, pour les sites de collèges menacés de fermeture (voir nos éditions du 20 novembre et des 5, 13 et 15 décembre). Débattu lundi soir en conseil communautaire, après un ordre du jour chargé (*), le projet de « regroupement » des multisites de Grandpré-Buzancy et Vouziers-Le Chesne, respectivement à Grandpré et Vouziers, a longuement agité une assemblée divisée.

Présentée en « questions diverses », une demande d’adoption d’une motion visait à marquer l’opposition de l’interco au projet.

« Les élus du canton de Buzancy et des communes rattachées au collège ont pris la décision de demander à leurs conseils municipaux de prendre une motion s’opposant aux fermetures prévues » des sites du Chesne et de Buzancy « et demandent la création d’un groupe de travail pour réfléchir au sujet », annonçait Frédéric Mathias, vice-président de la com’com et maire de Boult-aux-Bois. « Les élus de cette partie du territoire souhaiteraient que la communauté de communes prenne également une position concernant ces aménagements qui refont surface sans qu’une réelle concertation ait été effectuée ».

Après avoir rappelé que l’interco ne dispose pas de la compétence scolaire, le président (et maire de Grandpré) Francis Signoret a émis des réserves sur le soutien à apporter au maintien du site de Buzancy.

« Ce n’est pas qu’un problème de territoire, c’est aussi la qualité de l’enseignement de nos enfants qui est en jeu. Je suis un maire concerné et on ne peut pas comparer les deux multisites Le Chesne-Vouziers et Grandpré-Buzancy », indiquait l’élu, citant les propos du Dasen (directeur académique des services de l’Éducation nationale) : le site de Buzancy c’est très beau, mais « c’est une colonie de vacances ». « Au Chesne, les élèves restent sur place. Si je lis le tract (de l’Association des parents d’élèves du Chesne), sur Le Chesne, on va éparpiller les élèves sur Raucourt, Vouziers, Villers-Semeuse… Les enjeux ne sont pas tout à fait les mêmes. À Grandpré-Buzancy, les élèves se déplacent entre les deux sites. Le Dasen qui est venu nous voir en conseil d’administration a exposé une situation simple : « C’est le plus petit collège des Ardennes avec 181 élèves sur deux sites avec des problèmes de fonctionnement, une dispersion de moyens et une perte de dynamique pédagogique […] et si demain on demande le regroupement ces 17 heures que vous passez sur les routes je vous les donne en moyens d’éducation ».
Le président-maire a ainsi préféré attendre la décision des parents d’élèves de Grandpré-Buzancy qui devaient se réunir, hier soir.

« Je me plierai plus à leur volonté et je n’ai pas senti d’opposition ferme chez les parents d’élèves à ce que le Dasen a présenté », soulignait-il.

Le choix se résumerait donc à sacrifier un territoire pour une meilleure instruction des élèves ?

Les données du problème sont tronquées selon nombre d’élus, particulièrement des cantons du Chesne et de Buzancy, qui montrent, eux, un front uni.

« C’est une présentation un peu réductrice », commentait Bruno Deswaene, maire de Sy. « On a l’impression d’être revenu en 2005 où s’est déjà posée la question de la fermeture de collèges, sans qu’à aucun moment les élus n’aient été associés à cette démarche. On est en train d’attaquer la ruralité. Si des collèges disparaissent, à terme c’est Vouziers et le lycée qui sera touché. On était aussi prêt à tout nous donner, des options supplémentaires… Mais il ne faut pas être dupes. Ce qu’on vous donne aujourd’hui, demain on vous le retirera. Un exemple, pour le pôle de Brieulles on était prêt à tout donner, deux ans après on parlait de fermeture de classe. »

« Tu fais bien de le dire avec beaucoup de pommade quand même », répondait pour sa part, le maire du Chesne, Gérard Deglaire, au président Signoret. « Avec sa présentation (NDLR : celle du Dasen) on dirait que rien n’existe et que tout arrive. Ça fait six semaines qu’ils ont annoncé la fermeture, si c’est de la concertation, il rêve. Il ose dire que le renforcement de Vouziers passe par la fermeture du Chesne alors que sur les 130 élèves qui sont au Chesne, il n’y en aura pas la moitié qui ira à Vouziers. »

« Qu’on m’explique comment on arrive à avoir les meilleurs résultats des Ardennes au brevet des collèges à Grandpré-Buzancy, si ça fonctionne si mal ? », relevait, Francis Potron, maire de Bar-lès-Buzancy, passablement remonté.

« En 2005, c’est Grandpré qui devait fermer et Buzancy devait rester et on a pris position nous à Buzancy pour le maintien des deux sites. Le Dasen parle d’une référence de collèges de 300 à 400 élèves et même si tous ceux de Buzancy vont à Grandpré – ce qui ne sera pas le cas – ça ne fera jamais que 180 élèves et il finira par fermer aussi. »

« Imaginons qu’on supprime les collèges de Buzancy et Le Chesne, ça fera un désert. Qui va vouloir s’installer dans ces régions ? On doit réfléchir ensemble avant d’attendre que des inspecteurs viennent de Paris pour décider de notre avenir », ajoutait de son côté, le conseiller général du canton du Chesne, Jacques Morlacchi.

Les élus de Buzancy se sont fait « virer de l’intérieur (du conseil d’administration du collège de Grandpré-Buzancy), comme ça le problème est résolu. Ils ont facile de dire que ça ne va pas à Buzancy », notait le vice-président Jean-Claude Étienne et maire de Buzancy. « Peut-être qu’il y a des choses à refaire, mais ça peut fonctionner. Il y a un beau bâtiment et des arbres autour et nos enfants peuvent s’instruire dans un cadre serein. Quand on veut tuer son chien, on dit qu’il a la rage. Avec Le Chesne, il faut qu’on se batte ensemble, sinon ils vont nous raser. »

« Il faut que le Dasen sente qu’il y a des élus unis. Jusqu’à la démission des élus (proposition formulée dans la motion rédigée) c’est peut-être la forme extrême, mais à un moment il faut y aller », résumait le maire de Sy.

Cet argumentaire en cascade n’a cependant pas suffi, à ce que la motion présentée soit soumise au vote. Reste qu’outre la recherche de l’intérêt des élèves, la question du délai envisagé a semblé mettre les élus d’accord.
« Un regroupement pour la rentrée 2013, ça me paraît compliqué », notait Francis Signoret, sans toutefois apaiser les esprits. « Même si les élèves tiennent sur Grandpré, il y a besoin d’aménagements et là c’est de la compétence du conseil général et sa position sera peut-être différente. »

Gageons, que la bataille est à peine entamée.

Article de Audrey BENZAKEN paru dans l’Ardennais du 19 décembre 2012:

http://www.lunion.presse.fr/article/ardennes/la-menace-de-fermeture-de-colleges-sinvite-en-conseil-communautaire

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