La démocratie à la poubelle ?

Les opposants à l’apport volontaire des déchets déplorent que le referendum qu’ils organisent soit l’objet de pressions de la part de certains élus.

«NOUS sommes victimes d’une cabale ». Francis Potron, membre du collectif d’élus qui refusent le passage de l’ensemble des communes de la 2C2A à l’apport volontaire (du moins sans une plus grande concertation), n’y va pas par quatre chemins.
Rappelons que quinze des 100 communes du territoire de l’Argonne ardennaise* ont été priées par la 2C2A de passer à l’apport volontaire pour la collecte sélective, d’ici juillet prochain.
Une décision jugée autoritaire et pas forcément fondée, par les élus dissidents (nos éditions des 2 et 13 avril).
Devant le refus de la 2C2A d’organiser un référendum permettant de connaître l’avis des habitants, le collectif avait décidé de mener lui-même cette consultation (notre édition du 7 juin).
8 000 courriers sont arrivés dans les foyers argonnais, qui peuvent également répondre par courriel à collectif-om@centreactif.fr

Les dissidents avaient le mérite d’attendre la fin du bal pour payer les musiciens : « On ne dit pas que tout le monde sera forcément pour le tout porte-à-porte, le but de la manœuvre c’est justement de savoir ce que les gens préfèrent », résumait Francis Potron.

« Pas qu’une logique financière »

Mais cette liberté laissée aux répondants ne semble pas du goût de certains maires, partisans de l’apport volontaire, mais qui, ironiquement, n’hésiteraient pas à faire du porte-à-porte pour le faire savoir.
À Senuc, par exemple, la mairie a édité un courrier d’information, dans lequel elle recommande « de ne pas donner suite à cette pétition, ou éventuellement (de) répondre par la négative ».
« C’est antidémocratique, dénonce Francis Potron. Pourquoi faire pression sur les gens ? Je suis déçu par ce genre de comportement. »
Il en profite pour réfuter les arguments exposés à l’appui de la recommandation.
« Contrairement à ce qui est écrit, on ne nous a jamais demandé en conseil communautaire si l’on préférait l’apport volontaire ou le porte-à-porte. Certes, la compétence du Sicrom a été reprise, mais il ne s’agit pas des mêmes délégués. C’est là tout l’intérêt de savoir ce que veulent les gens. »
« On nous dit aussi que ça coûtera plus cher, mais sans pouvoir dire précisément combien. Il n’y a pas eu d’étude de faite ! Moi je constate que l’apport volontaire revient à 81 euros par habitant, et je vois qu’à Attigny, le porte-à-porte est facturé à 71, donc moins cher. Donc il faudra établir le surcoût exact et, quand bien même ce serait un peu plus cher, les habitants doivent pouvoir choisir ce qu’ils préfèrent. Il n’y a pas qu’une logique financière. »
Le collectif, soutenu par Nature et Avenir, déplore aussi certains éléments distribués par la com’com, dans un quatre-pages couleur. Sur la forme, d’abord.
Conseil de la 2C2A mercredi

« Nous avons appris que ça a coûté 4.000 euros ! Ils auraient pu en profiter pour mettre un coupon de référendum, au lieu d’une photo de camion… » « Il y a aussi des arguments contestables, poursuit Francis Potron. On nous donne les volumes de tri collecté selon les deux modes, pour en conclure que l’apport volontaire permet un tri plus efficace. Mais ce n’est pas parce qu’on produit plus de déchets que la performance est meilleure ! »
Avec près de 400 réponses déjà enregistrées, le collectif peut déjà se faire une idée. « Sachant que forcément, ceux qui sont pour l’apport volontaire se manifestent un peu moins, reconnaît Francis Potron. Mais on a eu des gens qui défendaient chaque option, et avec lesquels on peut débattre. »
Si le référendum sera clôturé le 25 juin, le conseil de la 2C2A, mercredi, devrait constituer une nouvelle occasion de voir évoluer le dossier.

Jacques BERTHION
*Machault, Saint-Étienne-à-Arnes, Vaux-en-Dieulet, Oches, Thénorgues, Bar-lès-Buzancy, Tailly, Falaise, Grivy-Loisy, Quatre-Champs, Longwé, Mars-sous-Bourcq, Monthois, Savigny-sur-Aisne et Champigneulle.

http://www.lunion.presse.fr/article/ardennes/la-democratie-a-la-poubelle

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