Ils font bloc pour sauver la filière littéraire de Vauban
GIVET (Ardennes). Mercredi, le collectif Gi Vi J’y reste a organisé une manifestation sur la place de la République. Le gréviste de la faim, Emmanuel Jacquemin, était présent.
«Un flou artistique sur l’avenir de la filière L au lycée Vauban est entretenu par le directeur académique des services de l’Éducation Nationale des Ardennes. Il nous annonce son maintien in situ, mais préconise une mutualisation des moyens avec Revin, dont les modalités ne sont pas encore connues. On nous parle même de visioconférence, sans aucune expérience, ni retour sur l’efficacité de tels moyens ».
Kathy Chavatte, la présidente du collectif GIVI j’y reste, et ses collègues ont su mobiliser, mercredi lors d’un rassemblement sur la place de la République de Givet, élus, personnalités de tous bords, élèves, parents, enseignants et tous ceux qui sont soucieux de l’avenir du lycée Vauban.
« Il y a l’effectif requis pour maintenir la filière »
Des représentants des lycées de Bazeilles, de Buzancy-Grandpré et Le Chesne, dans des positions analogues à celles de Givet, avaient fait le déplacement.
Emmanuel Jacquemin, élu du Pays Sedanais et membre du collectif 08 « Sauvegardons nos écoles », était, quant à lui, l’invité de la manifestation. La grève de la faim qu’il a engagée depuis le samedi 1er juin le rend plus déterminé que jamais. « J’aime mes Ardennes et notre territoire est abandonné par les services de l’Etat : après les services de la poste, les gendarmeries, les hôpitaux, maintenant les écoles, les collèges, les lycées. Pour moi, les écoles sont les points d’ancrage de nos enfants dès le plus jeune âge et l’action que nous menons est cruciale si nous voulons que nos territoires demeurent attractifs ».
Claude Wallendorff, présent dans la foule, s’insurge contre le DASEN et le Recteur d’Académie qui, après avoir confirmé la fermeture, en septembre 2013, de la filière STG, manquent de clarté et de transparence quant à l’avenir de la filière L, évoquant une éventuelle mutualisation avec le lycée d’Orzy. « J’ai aujourd’hui la confirmation que 14 élèves sont inscrits en 1re L au lycée Vauban, affirme le maire de Givet. Dans ces conditions, nous demandons au DASEN qu’il tienne ses promesses faites au Conseil d’administration du lycée en 2013 : « A 13 élèves, je maintiens la filière L ». Je ne comprendrais pas qu’un haut fonctionnaire puisse se parjurer » !
Sentiment soutenu par Frédéric Thibault, professeur de philosophie qui déplore que l’on puisse retirer la parole que l’on a donnée.
Michèle Leflon, vice-présidente du conseil régional, s’exprimant devant la foule, demandait à l’État de cesser la casse des services publics, des collèges et des lycées, affirmant en conclusion que ce n’est pas en mettant les élèves dans les trains entre Givet et Revin que l’on améliorerait le système éducatif. Pour Joël Dujeux, le leader local du parti socialiste, l’heure n’est pas à l’expérimentation sur la filière L, mais « à l’écoute et à la prise en compte de l’ensemble des propositions exprimées par les initiateurs de la mobilisation d’aujourd’hui ».
Article paru dans l’Ardennais du 14 juin 2013:
http://www.lunion.presse.fr/article/region/ils-font-bloc-pour-sauver-la-filiere-litteraire-de-vauban
Bac menacé : le recteur se démène
près la manifestation de mercredi matin (lire par ailleurs), l’équipe éducative du lycée Vauban a été reçue à 15 heures à l’Inspection académique, à Charleville, par le recteur en personne. Durant plus d’une heure, Philippe-Pierre Cabourdin a échangé avec une douzaine d’enseignants. Objectif : renouer le dialogue et surtout faire lever le préavis de grève déposé pour le lundi 17, soit le premier jour des épreuves du baccalauréat.
Tout en rappelant la « baisse des effectifs récurrente », le recteur a souhaité « explorer toutes les solutions envisageables, afin d’offrir à chaque élève les meilleures conditions d’apprentissage, en faisant, au besoin, évoluer l’organisation actuelle ».
« Conscience professionnelle »
M. Cabourdin a indiqué qu’aucune décision définitive ne serait arrêtée avant le 15 juillet, « lorsque la procédure d’affectation des élèves de seconde sera achevée ».
Au terme de cette réunion, malgré les appels du recteur à faire preuve, ce lundi, de « conscience professionnelle », l’équipe enseignante n’a pas levé le préavis de grève qui menace l’épreuve de philo du baccalauréat.
Cependant, les échos qui nous arrivent de la salle des professeurs du lycée, semblent indiquer que la plupart des enseignants ne sont pas jusqu’au-boutistes. Bref qu’ils ne devraient pas entraver le bon déroulement de l’examen.
Par ailleurs, à la suite de la réunion à l’Inspection, le recteur est allé à la rencontre d’Emmanuel Jacquemin, cet élu en grève de la faim depuis le samedi 1er juin, pour prendre des nouvelles de sa santé.
Dans un communiqué, le rectorat rappelle que le gréviste n’avait « jusqu’alors jamais sollicité d’audience auprès de Monsieur Dutot (le DASEN, ndlr) ou de Monsieur le recteur ». Ce dernier lui a proposé de le recevoir prochainement pour débattre de la scolarité des élèves ardennais et de la meilleure organisation à mettre en place pour eux.
Guillaume LÉVY
Article paru dans l’Ardennais du 14 juin 2013:
http://www.lunion.presse.fr/article/autres-actus/bac-menace-le-recteur-se-demene
Le député hausse le ton
Absent mercredi à Givet (il était à l’Assemblée nationale), le député Christophe Léonard nous a adressé un long communiqué de presse, intitulé « Refondation de l’école : dans les Ardennes, l’Éducation nationale (déses) perd le nord »…
Il rappelle sa mobilisation, depuis l’automne 2012, en faveur de « l’avenir éducatif de notre territoire », et exige à nouveau « la préservation, côte à côte, des lycées de Givet et de Revin, dans une volonté de complémentarité, de non-concurrence, d’attractivité et d’excellence ».
Ayant souhaité pour Givet, outre le maintien de la filière littéraire, la création de diverses formations ou filières adaptées à la Pointe (pôle anglais et néerlandais, BTS hébergement, etc.), il dénonce aujourd’hui l’absence de réponse des autorités académiques.
« Depuis neuf mois, aucune réponse concrète ne nous est parvenue sur ces propositions. Si dialogue il y a, il s’agit indubitablement d’un dialogue de sourd. Force est de constater que la surdité est du côté de l’administration ! »
Tout comme Claude Wallendorff, il demande au directeur d’académie, Patrice Dutot, de « respecter son engagement », celui de maintenir la filière littéraire givetoise à partir de 13 élèves inscrits (14 inscriptions à ce jour).
G.L.
Article paru dans l’Ardennais du 14 juin 2013:
http://www.lunion.presse.fr/article/autres-actus/le-depute-hausse-le-ton