Enseignement secondaire / En attendant le Dasen

Dans le froid mordant, ils étaient une centaine hier – parents d’élèves, maires et enseignants, soutenus par des syndicalistes de Force Ouvrière – à attendre le « Dasen » (directeur académique des services de l’Éducation nationale).
Un comité d’accueil avec pancartes réclamant le maintien de la filière d’enseignement général, sur la sellette depuis deux ans. Officiellement, l’objet de la venue de Patrice Dutot n’est pas connu. Mais officieusement, tout le monde s’attend à l’annonce de la fin de l’enseignement général à Bazeilles après un premier assaut du Rectorat il y a un an, annulé suite à la forte mobilisation, mais suivi de fortes réductions de moyens à la rentrée scolaire de septembre.
Avant d’informer les membres de la commission permanente de l’établissement scolaire, à 18 heures, Patrice Dutot a en effet prévu un entretien avec les trois représentants des collectivités locales, que sont Jean-Luc Warsmann, présent en tant que conseiller régional, Christian Apotheloz, conseiller général et Pierre Sulfourt, maire de Bazeilles. « Et ce n’est sûrement pour nous payer le champagne avant Noël ! » ironise Pierre Sulfourt qui avait préparé la naissance du lycée, il y a vingt ans, à la demande d’Henri Rongère, alors président de la CCI, lui-même sollicité par Jacques Sourdille, président du conseil général des Ardennes.
Les tours de vis apportés depuis deux ans aux classes de seconde qui ne sont plus que deux et demi alors que les effectifs sont passés de 91 à 94 élèves, mais aussi aux filières technologiques puisque les deux secondes ont fusionné cette année, nourrissent « l’inquiétude et la méfiance. »
« C’est reparti pour un tour », dit un enseignant qui tient fermement sa pancarte affirmant « Hôteliers et généraux sur la même branche ».
« Que l’on ne nous dise pas que le transfert des filières générales au lycée Pierre-Bayle de Sedan va permettre la création d’un pôle d’excellence en hôtellerie et tourisme. C’est un argument que l’on nous agite sous le nez pour faire avaler la pilule. Quand une classe ferme, il n’y a rien derrière », lance Pierre Sulfourt pour qui « Bazeilles est un peu le lycée des Trois Cantons, l’un des rares secteurs des Ardennes à ne pas perdre de population. »
C’est d’ailleurs au nom de l’aménagement du territoire, pour le maintien d’un « lycée d’excellence » et pour la qualité de vie des enfants, qu’une vingtaine de maires ont fait le déplacement, écharpes tricolores passées sur les parkas.
Sur le secteur de Carignan, certains enfants prennent le bus dès 6 h 25 le matin pour rejoindre le lycée de Bazeilles et ne rentrent qu’à 19h15. « Aller au lycée Pierre-Bayle à Sedan, c’est rajouter encore un quart d’heure de trajet supplémentaire matin et soir », affirme le maire de Carignan. « Si l’enseignement général disparaît de Bazeilles, les parents n’inscriront pas forcément leurs enfants à Pierre-Bayle, mais préféreront le privé, la Belgique ou Stenay. »
A 18 heures, la nouvelle tombe : le Dasen attendu en vain au portail est passé par l’entrée des fournisseurs. Les parents qui espéraient être entendus sont dépités. « On nous promet le dialogue et la concertation, et voilà le résultat. »
Selon nos informations, Patrice Dutot a annoncé vouloir offrir un éventail plus large de formations aux jeunes du Sedanais mais bien dans le cadre d’une mutualisation entre les deux lycées. Un projet encore très flou et qui ne verrait pas le jour à la rentrée prochaine mais serait mis en place progressivement. Le suspens va donc continuer.

Dominique BERTHÉAS

Article paru dans l’Ardennais du 13 décembre 2012:

http://www.lunion.presse.fr/article/ardennes/enseignement-secondaire-en-attendant-le-dasen

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