Comment lutter contre la pollution lumineuse ?
SEDAN (Ardennes). A l’heure ou le gouvernement se penche sur une mesure pour limiter l’éclairage abusif, la question se pose aussi au niveau des communes. Quelles économies ?
Le sujet peut paraître secondaire comparé aux problématiques sociales et économiques. Et pourtant, c’est lié. Qu’appelle-t-on pollution lumineuse au juste ? C’est toute cette lumière artificielle nocturne, plus importante que les besoins appropriés. Tout ce qui se forme comme un halo lumineux au-dessus des villes, tout ce qui peut éblouir, etc.
Par quoi est produite cette « pollution » ? Par un éclairage public non adapté, par les enseignes des entreprises, des magasins, par les éclairages internes de ces mêmes bâtiments qui ne sont pas occupés la nuit, par ces spots encastrés qui éclairent à la verticale de bas en haut, etc.
Plusieurs impacts sont recensés. Sur la santé humaine en premier lieu puisque cela peut troubler le rythme biologique, mais aussi sur la nature car cela peut retarder la chute des feuilles des arbres et affaiblir leur durée de vie. Un impact aussi sur la migration des oiseaux, sur les insectes. Cela favorise aussi la reproduction des étourneaux et des pigeons avec les problèmes de déjection importants que cela peut entraîner. Bref, les conséquences sont multiples et pas toujours bien prises en compte.
Beaucoup de questions
Que faire ? Comment lutter ? L’éclairage public fait partie intégrante des pouvoirs de police du maire. L’éclairage public n’est pas une obligation. Il appartient au maire, sur la base de données telles que la sécurité routière, la dangerosité d’un lieu, les nuisances aux voisinages ou à l’environnement, de décider d’éclairer ou non un endroit.
À Sedan, il n’est pas à l’ordre du jour d’éteindre telle ou telle partie de la ville, mais les mesures s’orientent plutôt vers l’utilisation de produits plus soucieux de l’environnement. Ainsi, « toutes les lampes tendent à être remplacées par des leds, ce qui à la fois améliore l’éclairement et génère des économies substantielles et concrètes, factures à l’appui », signale le maire de la cité Didier Herbillon.
Et puis tout un tas de questions se posent autour du sujet. Qu’en est-il de la sécurité si tout est éteint ? Les caméras de vidéosurveillance n’ont-elles pas besoin de lumière pour être efficaces ?
À ces questions, les porteurs du projet de lutte contre la pollution lumineuse répondent qu’une signalétique adaptée aux lieux, des supports rétroréfléchissants et des aménagements de modération de vitesse contribuent à la sécurité des déplacements et permettent de diminuer les niveaux d’éclairage, voire d’éteindre l’éclairage au milieu de la nuit.
Le sujet est vaste et complexe. Les études se multiplient et bien souvent cela relève d’une volonté politique aussi. Le domaine privé est aussi visé par une mesure gouvernementale, émise par le ministère du Développement durable, appelant à éteindre tout ou partie de la nuit les éclairages considérés comme « non utiles ». Mais là encore, le débat sur l’utilité est ouvert.
Article paru le 13 mars 2013 sur l’Ardennais:
http://www.lunion.presse.fr/article/ardennes/comment-lutter-contre-la-pollution-lumineuse
Les expériences de Givonne et Saint-Menges
Dans le Sedanais, les communes de Saint-Menges et Givonne ont expérimenté certaines techniques sur les économies d’énergie engendrées par l’extinction de l’éclairage public.
Saint-Menges : 1 065 habitants, 124 points lumineux. Économies sur l’année 2012 : 34 000 kWh soit 53 % d’économie d’énergie sur l’éclairage public. 1 500 € d’économie financière (soit 30 % d’économie sur la facture d’électricité pour l’éclairage public) et 4,07 t de CO2 économisé.
Givonne : 1 150 habitants, 237 points lumineux. 830 kWh économisés sur une semaine test d’extinction (13 au 20 octobre). Toute la commune était dans le noir sauf la place. L’opération devrait être renouvelée.
À noter qu’aucun incident en matière de sécurité routière n’a été rapporté dans ce laps de temps. Visiblement, le message est passé et la prudence de mise.
Il faut savoir qu’en 2011, le tarif d’électricité a augmenté. Des taxes départementales et communales s’appliquent désormais, alors qu’il n’y en avait pas auparavant pour l’éclairage public. Le tarif d’électricité pour l’éclairage public a augmenté de + 15 à 18 % entre 2010 et 2011.
Saint-Menges et Givonne ont adhéré à l’ALE 08 (agence locale de l’énergie), et ont pu bénéficier du Conseil en énergie partagé (CEP), service proposé pour les communes de moins de 10 000 habitants.
Le CEP permet de mutualiser les compétences d’un conseiller en énergie entre plusieurs communes. Sophie Brasseur est la référente sur ce dossier et peut réaliser un bilan énergétique, faire l’inventaire des consommations énergétiques, suivre les consommations, préconiser, etc.
Article paru le 13 mars 2013 sur l’Ardennais:
http://www.lunion.presse.fr/article/autres-actus/les-experiences-de-givonne-et-saint-menges
Trop d’éclairage nuit !
Il y a plusieurs mois, l’Agence locale de l’énergie et du climat s’est jointe à d’autres structures ardennaises pour créer le collectif « Les Hâlos Gênent ». Le RenArd, Nature & Avenir, Club d’astronomie de Signy-l’Abbaye et Oméga. tous ont la même conclusion : trop d’éclairage nuit !
Le collectif a donc lancé une campagne départementale dont l’objectif est de sensibiliser élus et habitants aux conséquences de la pollution lumineuse sur la biodiversité, sur la préservation du ciel nocturne, et sur les économies d’énergie. Le but est de trouver un juste équilibre et de promouvoir des modes d’éclairage doux et raisonnés dans le respect de l’environnement, tout en assurant la sécurité des habitants.
La première étape consiste à établir un état des lieux de l’éclairage nocturne dans les Ardennes, qui permettra de réaliser une carte de la pollution lumineuse sur le territoire.
Tél. 03 24 32 12 29 – Site : www.ale08.org
Article paru le 13 mars 2013 sur l’Ardennais:
http://www.lunion.presse.fr/article/autres-actus/trop-declairage-nuit