Collèges menacés, la mobilisation ne faiblit pas
ARDENNES. Les instits ont reçu un sacré renfort. Leur mouvement de protestation hier contre la réforme des rythmes scolaires « menée au pas de charge par le ministre » (sans compter les revendications salariales ou liées aux conditions de travail) a connu un succès beaucoup plus large dans les Ardennes que dans d’autres départements. Et pour cause : devant l’Inspection d’académie, sont venus aussi hier après-midi manifester les élus, profs et parents concernés par le projet de « restructuration du réseau des établissements » concocté par le Dasen Patrice Dutot.
Au total, 250 personnes, selon la police, qui ont dénoncé « une concertation qui n’en est pas une » et « la mort annoncée dans certains territoires du service public de proximité de l’Éducation nationale ». Outre des délégations de Bazeilles (transfert des filières générales vers Sedan Pierre-Bayle) et Givet (transfert à Revin des littéraires), des mesures qui anticipent selon les manifestants « l’acte de décès pur et simple des établissements concernés », étaient représentés Le Chesne et Buzancy dont les collèges doivent fermer leurs portes à la rentrée prochaine.
Liart/Signy-le-Petit (multisite qui devrait sauter à la corde en 2014) était également du rendez-vous, tout comme Château-Porcien où un conseil d’administration a été programmé début février. « On savait le site menacé pour la rentrée 2014, mais il se pourrait qu’on nous demande d’anticiper ! » craignait un prof devant les baies vitrées de l’inspection. Des délégations ont été reçues, mais « il n’y a pas eu de dialogue, le Dasen campe sur ses positions… », a résumé, dépité, le maire de Bazeilles Pierre Sulfourt. Qui a, comme tous les autres élus, syndicalistes et parents, demandé que la mobilisation se poursuive.
On notera qu’outre les pancartes « sans étiquette » réalisées par les parents eux-mêmes, des drapeaux de syndicats et partis (PCF, Europe Ecologie-Les Verts) flottaient au vent. Pas mal de maires et d’élus locaux ceints de leurs écharpes tricolores avaient aussi fait le déplacement. Ce qui a donné lieu à quelques échanges parfois corsés : quand la conseillère régionale PCF Michèle Leflon a apostrophé le sénateur UMP Marc Laménie. « Vous oubliez que ces fermetures sont aussi la conséquence des suppressions de postes que vous avez votées ! » a-t-elle lancé.
« Mais le maintien des collèges et établissements de proximité en zone rurale n’est pas incompatible avec les efforts budgétaires et un minium de dialogue » a répondu, flegmatique, le parlementaire. Car tout le monde semble d’accord sur un point : il y a dans ce feuilleton une constante, « c’est un Dasen qui est droit dans ses bottes et fait semblant d’écouter alors que tout est tranché ».
Philippe MELLET
Article paru dans l’Ardennais du 24 janvier 2013:
http://www.lunion.presse.fr/article/ardennes/colleges-menaces-la-mobilisation-ne-faiblit-pas