Cigognes à la parade
VOUZIERS (Ardennes) Six cigognes en Argonne : le joli tableau a surpris les passants Pourtant, ces dernières années, seuls deux nids ont été répertoriés dans la vallée de l’Aisne.
SIX cigognes visitent Vrizy… Comme une jolie comptine s’égrène dans les marécages d’Argonne. Le week-end dernier une demi-douzaine de volatiles, emblèmes de l’Alsace, pouvaient s’observer dans une pâture entre Voncq et Terron-sur-Aisne.
Un régal pour les yeux émerveillés des observateurs. Et pourtant l’affaire est bien moins rare qu’on pourrait le croire.
« On compte deux nids de cigognes sur la vallée de l’Aisne, à Voncq et Vrizy depuis 2010 et 2011 », explique Nicolas Harter, chargé de mission du Regroupement des naturalistes ardennais (Renard). « D’autres groupes de cigognes de 2-3 ans ont aussi traîné dans la vallée, sans nicher. Elles stationnent 15 jours sur une commune puis se déplacent d’une quinzaine de kilomètres »
Si le premier nid de cigogne observé en 2000 dans les Ardennes, a aujourd’hui disparu, d’autres ont depuis pris le relais.
« On en avait comptabilisé 12 en 2011 et 14 en 2012, mais tous n’ont pas donné de jeunes et plusieurs sont tombés avec les intempéries », ajoute le chargé de mission.
En Argonne toutefois, les volatiles sont visiblement passés entre les gouttes. « Il y en avait jusqu’à huit ensemble à Savigny-sur-Aisne presque tout l’été », précise l’association Renard. « Là on est en période d’envol des jeunes. Ils ne sont pas farouches et un peu maladroits. La semaine dernière on en a d’ailleurs récupéré un qui s’était blessé. »
Aperçue dans une zone marécageuse, la brochette à plumes était sans doute en train de s’offrir un petit festin entre Voncq et Terron.
Des groupes de plusieurs dizaines
« Elles recherchent les zones humides de préférence. Elles adorent se gaver de vers de terre au petit matin et le reste de la journée, elles cherchent des insectes, des batraciens, tout ce qui traîne, même des petits rongeurs », précise Bernard Ulrich, du Centre d’assistance et d’information sur les oiseaux (CAIO).
Au fil des années, les observateurs jouissent d’ailleurs de périodes de plus en plus longues pour en prendre plein les mirettes.
« Cette année, les premières sont revenues en janvier, mais pour la première fois un couple a passé l’hiver dans les Ardennes. Plus les oiseaux sont expérimentés plus ils reviennent tôt et globalement de plus en plus d’oiseaux vont hiverner dans le nord de la France. », ajoute Nicolas Harter.
« C’est une population qui a été sédentarisée artificiellement dans l’est de la France, ce qui permet à l’espèce de s’implanter durablement chez nous. »
Et le clou du spectacle ne devrait plus tarder. Du 10 août au 10 septembre, des groupes de plusieurs dizaines de cigognes de passage sont ainsi attendus sur le territoire.
Qui eut cru que sangliers et cigognes feraient si bon ménage ?
Audrey Benzaken
Article paru dans l’Ardennais du 4 août 2012:
http://www.lunion.presse.fr/article/ardennes/cigognes-a-la-parade
Appel à observateurs
Face à la multiplication des nids dans le département l’association Renard appelle la population à lui transmettre ses observations pour une meilleure étude du phénomène*.
Un conseil toutefois aux bipèdes curieux : « On peut s’arrêter en voiture à côté pour observer les cigognes, mais quand un humain s’approche à pied, il crée un dérangement. Le danger c’est que l’oiseau n’arrive plus à s’alimenter ou de les effrayer et d’accroître le risque de collision sur une ligne électrique. »
Et c’est d’ailleurs le danger principal qui guette les volatiles. « Leur premier instinct est d’aller sur les pylônes et il y en a pas mal d’électrocutés. Il y a des efforts de faits mais ce n’est pas suffisant. L’idéal est de les transposer sur une plateforme, comme à Warcq », ajoute le président du CAIO, qui a encore ramassé deux victimes cette semaine à Prix-lès-Mézières.
*Association Renard : 03.24.33.54.23. Le Centre d’assistance et d’information sur les oiseaux appelle également à lui signaler les cas d’oiseaux blessés, contact : 03.24.72.09.92.