ARDENNES. Coïncidence du calendrier, une dépêche annonçait hier juste avant la conférence de presse de la FSU 08, hier, que la Champagne-Ardenne n’aurait droit à aucune création de poste pour la rentrée prochaine dans le second degré, et à… dix profs dans le premier degré. Sur un total de 6.770 postes créés dans le budget 2013.

« C’est un symbole. Les médias l’ont appris avant les représentants du personnel », a maugréé Karine Fuselier, secrétaire départementale du SNES (second degré). Car le premier souci – pour ne pas dire plus – des syndicalistes, « c’est l’absence de concertation » alors que se dessine déjà la carte scolaire de la rentrée prochaine.

« Le Dasen (nouveau nom de l’inspecteur d’académie) fait des grands discours pédagogisants (sic), il parle comme le ministre de refondation de l’école, du collège de demain… Mais dans les faits, à marche forcée, il applique la feuille de route fixée d’ailleurs par l’ancien gouvernement : on rationalise, on concentre, on mutualise, on supprime… Enfin non : on travaille à la mise en réseau… »

La FSU estime donc plus que regrettable qu’aucune « réelle concertation englobant enseignants, parents, élus » n’ait lieu alors que « semblent actés » les fermetures des collèges de Buzancy et du Chesne, un déshabillage du lycée Vauban à Givet et du lycée de Bazeilles.

« Quid de la pédagogie, quid des transports, quid de la prise en compte de la ruralité et des spécificités du département ? » s’interroge la FSU qui tacle aussi « les parlementaires UMP qui pleurent aujourd’hui alors qu’ils ont voté les budgets passés et ont refusé de voter celui de 2013, qui met un terme aux suppressions de postes… »

A Givet, la FSU craint toujours l’arrêt de la filière « L », mais convient qu’on peut espérer beaucoup d’une filière tournée vers les métiers du nucléaire et d’un recrutement tourné vers la… Wallonie.

A Bazeilles, même refus de voir les sections « générales » transférées vers Pierre-Bayle : « On brandit un hochet : un pôle d’excellence hôtellerie. Mais cela ne remplacera pas les pertes. Par ailleurs, si c’est pour faire huit classes de seconde quand il y en a trois à Bazeilles et six à Sedan, comme proposé l’an passé, c’est une dégradation annoncée des conditions d’enseignement… »

C’est clair, même si les effectifs sont en recul (220 aujourd’hui contre 350 il y a dix ans), « les enseignants de Bazeilles entendent se battre jusqu’au bout ».

Idem pour la carte des collèges : « On va arriver à une situation plus grave que prévu en 2005 lors du projet avorté de refonte de la carte. On a perdu Briand à Revin, Maubert-Fontaine, Mouzon, Frénois (pour d’autres raisons, certes), Chaumont-Porcien. On risque d’en perdre deux en 2013. Et la liste ne s’arrêtera pas là. Château-Porcien, Liart sont menacés pour 2014, et sur Charleville, le spectre d’un rapprochement Salengro-La Fontaine, sur fond de problèmes de bâtiments type Pailleron, demeure d’actualité », concluent Didier Janin et Karine Fuselier.

Anne du Souich, du SNUipp, n’est guère plus ravie. Inquiétude dans les Segpa : « Pas d’annonce officielle mais l’administration veut réduire l’accueil des élèves en difficulté dans des structures spécifiques. Après les fermetures des Segpa de Villers-Semeuse, de La Fontaine, de Signy-l’Abbaye, les nombreuses fermetures de postes d’enseignants spécialisés, des bruits courent sur la fermeture à court ou moyen terme d’une ou deux sections. Les collégiens en difficulté ne pourront plus être scolarisés dans ces structures où ils sont pris en charge par des enseignants spécialisés mais en milieu ordinaire au risque d’aggraver leurs difficultés et de les dégoûter du système scolaire. »

Et dans les écoles : « La question des rythmes scolaires prend le pas sur tous les autres éléments de la loi d’orientation. Comment avec dix postes en plus sur l’académie répondre aux objectifs affichés de réduction de l’échec scolaire ? »

Bref, janvier s’annonce mouvementé sous les préaux…

Ph.M.

Article paru dans l’Ardennais du 20 décembre 2013:

http://www.lunion.presse.fr/article/ardennes/carte-scolaire-2013-la-fsu-veut-un-vrai-dialogue-social