Ardennes, Collectif de soutien aux gens du voyage
“Renouer le dialogue”
EELV, la ligue des droits de l’homme et Amnesty International ont créé un collectif de soutien aux gens du voyage. Rencontre.
« Tout est parti d’une réaction du maire de Vouziers, en avril dernier, dans la presse quotidienne, qui se disait « à bout » par rapport aux gens du voyage. Dans ses propos, il stigmatisait cette communauté », s’insurge Didier Assel, président de la section vouzinoise de la ligue des droits de l’homme. Il a immédiatement réagi, bientôt rejoint par Brice Potier, porte-parole d’Europe écologie les Verts et André Cortesi, Amnesty International. « Si on est arrivé là, c’est qu’il y avait un passif », raconte Brice Potier.
Mettre fin aux clichés
Tout est parti de Vouziers donc qui a une caractéristique bien particulière. « Des personnes sont là depuis 25 ans ! Dans d’autres villes, comme Sedan, par contre, ce sont davantage des gens de passage », affirme Didier Assel.
Tous trois regrettent que le dialogue soit inexistant entre les gens du voyage, d’un côté, les élus et les riverains de l’autre, « Les seules personnes qu’ils voient, ce sont les gendarmes. » Le collectif veut travailler selon deux axes : renouer des liens entre les gens du voyage, les élus et les riverains (mais pour cela, il faut réussir à gagner la confiance de la communauté des gens du voyage et mettre fin aux clichés) et relancer la commission sur le schéma départemental des aires d’accueil.
Répondre à leurs besoins
Cette commission réunissait des élus, des riverains, des présidents d’association comme la ligue des droits de l’homme, le préfet et des personnes des gens du voyage. La commission devait se réunir tous les six mois. Le collectif rappelle que lors des premières commissions, il avait été décidé de créer dix à douze aires avec 220 emplacements. « Ensuite, les membres d’association et les gens du voyage ont été écartés », se désolent les trois hommes. Finalement, il n’y aura que 187 emplacements répartis sur les différentes aires d’accueil et tout n’a pas encore été construit. « Il faut que les gens du voyage participent pour qu’on sache ce dont ils ont besoin », rappelle Didier Assel.
« Nous voulons que les droits de l’homme s’appliquent pour tous », lance André Cortési. Par là, il entend que les gens du voyage devraient avoir le minimum pour vivre, à savoir de l’eau chaude, des sanitaires et du courant électrique.
« Parfois, on trouve des astuces. On n’est pas hors la loi car l’aire d’accueil est là mais on s’arrange pour qu’elle soit vide en mettant des tarifs très élevés par exemple », se désole Didier Assel. « Nous avons envoyé un courrier au préfet et nous avons bon espoir qu’il donne suite », rappelle Brice Potier.
Leur démarche, c’est le dialogue, pas l’attaque. André Cortesi conclut finalement, sans optimisme : « le but, c’est que ça fonctionne et que le collectif disparaisse… ».
Orianne Roger
Didier Assel, Brice Potier et André Cortesi ont créé le collectif.
Article publié dans la Semaine des Ardennes :