Affaibli mais combatif, il poursuit sa grève de la faim

Affaibli mais combatif, il poursuit sa grève de la faim

L’élu Emmanuel Jacquemin au dixième jour de sa grève de la faim. Il vit dans une caravane garée devant l’Inspection académique à Charleville-Mézières.

ARDENNES. Élu du Sedanais, Emmanuel Jacquemin a cessé de se nourrir depuis le 1er juin, pour s’opposer aux menaces qui pèsent sur différents établissements ardennais. À l’aube du onzième jour, il se dit affaibli, mais combatif.

Des dessins d’enfants, quelques médicaments, des bouteilles d’eau et des sachets de tisane, des livres pour passer le temps. Et sous le lit de camp, un pèse-personne. « En dix jours, je suis passé de 97 kilos à 89. »

Dans sa petite caravane colorée, qu’il a garée juste en face de l’imposant bâtiment de l’Inspection académique, un peu façon David contre Goliath, Emmanuel Jacquemin poursuit sa grève de la faim. « Les deux ou trois premiers jours ont été les plus durs, confie cet homme barbu et trapu, âgé de 51 ans. J’avais mal à l’estomac. Depuis ça va un peu mieux. Si la tête tient le coup, le corps suit. »

Père de cinq enfants de 10 à 19 ans, patron d’une scierie à Vendresse, l’élu de Pouru-Saint-Remy et du Pays sedanais, ex-candidat aux cantonales sous la bannière Europe Écologie Les Verts (il n’a pas repris sa carte), a reçu la visite de ses enfants ce week-end. « La plus petite m’a fait des dessins, ça m’aide à tenir le coup. »

Cette visite a renforcé le combat qu’il dit mener « pour l’éducation dans les Ardennes », et contre « les établissements menacés de fermeture ». « Selon moi Patrice Dutot, le Dasen (Directeur académique des services de l’Éducation nationale, ex-inspecteur d’académie, NDLR) essaie de noyer le poisson. Il dit qu’il ne fermera rien, mais je n’y crois pas une seconde. »

« Demain il sera trop tard »

Contacté hier, Patrice Dutot a pourtant répété que les collèges du Chesne et de Buzancy, pour ne retenir qu’eux, seraient bien ouverts à la rentrée de septembre (lire ci-dessous). Bien campé dans sa caravane, ou lisant notre journal sur une chaise de jardin installée sur le trottoir, Emmanuel Jacquemin regrette de ne pas avoir eu une seule visite de ses nouveaux voisins, les agents de l’Inspection, qu’il voit pourtant passer chaque jour sous ses banderoles militantes.

Depuis quelques jours, il se livre à un nouveau « jeu » avec les forces de l’ordre. Dès qu’il se déplace pour mener une action avec le Collectif 08 Sauvegardons nos écoles, il découvre à son retour que ces fameuses banderoles ont disparu… Soit il les retrouve un peu plus loin et les remet en place, soit il en confectionne de nouvelles avec les membres du collectif.

Hier, il a également distribué un tract au vitriol, intitulé « Demain il sera trop tard », dans lequel les passants peuvent lire : « Le lycée de Givet prend l’eau, le lycée de Bazeilles est torpillé, le collège multisite Buzancy-Grandpré est à l’agonie, le collège du Chesne est en voie d’abandon […] Comme l’a si bien dit Stéphane Hessel : le moment est venu de s’indigner ! »

Emmanuel Jacquemin dit pouvoir compter sur des proches qui le soutiennent dans son combat. D’ici quelques jours, il faudra peut-être aussi songer à voir un médecin, car l’élu se dit prêt à jeûner « le temps qu’il faudra ».
Guillaume LÉVY

Article paru dans l’Ardennais du 11 juin 2013:

http://www.lunion.presse.fr/article/ardennes/affaibli-mais-combatif-il-poursuit-sa-greve-de-la-faim

De Givet à Paris, les actions se multiplient

Plusieurs actions sont annoncées dans les jours à venir, à l’initiative du collectif 08 Sauvegardons nos écoles, du collectif de la Pointe GiVi j’y reste ou d’élus.

* Aujourd’hui, rassemblement devant la mairie du Chesne à 15 h 30, puis défilé jusqu’au collège pour pérenniser le site (couplé avec Vouziers). Le soir, réunion du collectif Sauvegardons nos écoles au Clos normand à Poix-Terron.

* Demain mercredi, manifestation unitaire départementale à 11 h 30 place de la République à Givet, pour préserver la filière littéraire du lycée Vauban.
La section socialiste de Givet a d’ores et déjà annoncé son soutien à Emmanuel Jacquemin, qui sera présent, et demande au Dasen de « privilégier l’apaisement ».

* Mercredi à 15 heures, « comité d’accueil » devant l’Inspection académique, à l’occasion de la venue du recteur à Charleville-Mézières.

* Jeudi à Paris, une délégation d’élus du Vouzinois sera reçue au ministère de l’Égalité des territoires et du Logement, par des conseillers de la ministre Cécile Duflot.

À noter que demain mercredi, toujours à Paris mais à l’Assemblée nationale cette fois, le député Jean-Luc Warsmann devrait questionner le ministre de l’Éducation nationale, Vincent Peillon, sur ces problématiques éducatives dans les territoires fragiles.

Article paru dans l’Ardennais du 11 juin 2013:

http://www.lunion.presse.fr/article/autres-actus/de-givet-a-paris-les-actions-se-multiplient

Le Dasen « profondément attristé »

Patrice Dutot, le directeur académique, a livré son sentiment concernant le combat d’Emmanuel Jacquemin.
« En tant qu’homme, je suis profondément attristé qu’une personne en arrive à mettre en danger son intégrité physique en faisant une grève de la faim. En tant que Dasen, je ne crois pas que les sujets sur lesquels il base son action nécessitent d’en arriver là. Le collège du Chesne par exemple sera toujours ouvert à la rentrée. Même chose pour Buzancy. Un rapprochement avec Grandpré est à l’étude, mais ce n’est pas pour 2013. »
Tout en acceptant un rendez-vous avec nous dans quelques jours, afin de s’expliquer sur tous les sujets qui fâchent, Patrice Dutot annonce déjà le point de départ de son action : « Notre département connaît une décroissance démographique continue depuis des années. Il faut à l’évidence réorganiser l’éducation dans les Ardennes. Cela peut se faire par exemple autour de pôles importants, qui nous permettront d’améliorer nos missions auprès des élèves. »
La suite au prochain épisode (très bientôt).

Article paru dans l’Ardennais du 11 juin 2013:

http://www.lunion.presse.fr/article/autres-actus/le-dasen-profondement-attriste

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