Législatives / La campagne aura coûté de 1000 à 45000 euros
Ardennes. Dans un contexte économique difficile, les candidats à la députation jurent tous essayer d’éviter le gaspillage lors de la campagne. La réalité des chiffres montre toutefois un écart entre les 1 000 euros des petits candidats et les 45 000 euros de la campagne la plus coûteuse. Un résultat au moins égal à 5 % des suffrages exprimés entraîne le remboursement (plafonné) des frais… par l’argent du contribuable.
. ON ne saurait réduire la campagne des élections législatives à une seule question d’argent. Mais le sujet intéresse tout le monde : les candidats, dont beaucoup ne seront pas remboursés des frais avancés et les contribuables, qui supporteront au final la facture des meilleurs candidats. Les plus dépensiers aussi ?
Les « têtes d’affiche » qui fleurissent dans nos campagnes pour faire la leur le martèlent : pas question de dépenser sans compter. Il y a d’abord les plafonds fixés par la loi, très contrôlés, mais ce n’est pas tout.
Virginie Lauby Herber-Suffrin (Le Centre pour la France, 1 ère circonscription) fait une fixation sur ce point. Après avoir avoué « ne pas avoir d’idée précise » sur le budget de sa campagne, la candidate explique : « Je me borne aux trucs obligatoires : circulaires, tracts, bulletins de vote… Pas d’ajout de bandeau ou autre, pas d’affichage libre ou sauvage. Derrière, si on est remboursé, ce sont les électeurs qui paient. Je prône une économie des finances publiques, ça commence par là. »
Comme beaucoup, Christophe Dumont (Europe Écologie Les Verts , 1ère cir.) la rejoint sur ce point : « J’ai 292 panneaux dans ma circonscription, une affiche par panneau, et je ne colle que sous mon numéro 5. Ca évite le gaspillage, je refuse d’entrer dans ce combat-là ».
Chez EELV, l’échelon régional attribue une dotation d’environ 900 euros à chaque comité. Et comme leur « collègue », Sylvain Baumel et Sophie Perrin, respectivement sur les 2ème et 3ème circonscriptions, ne vont pas bien au-delà de ce budget.
Autour du millier d’euros, on trouve aussi les candidats de Debout La République, nous assure le responsable régional. « Le kit fourni par le parti coûte 2 400 euros, mais compte tenu de la déduction fiscale, on demande moins de 1 000 euros d’investissement de la part du candidat », explique Christian Després. Faute d’avoir pu joindre Christiane Gey (1ère cir.), difficile de savoir si ses dépenses sont allées au-delà.
Toujours au chapitre des maigres factures, on devine Lutte Ouvrière. Mink Takawé (2ème), responsable départementale, qui s’exprime aussi pour les deux autres candidats LO (Joël Nouet, 1ère cir. et Nadia Octave, 3ème) n’a pas de chiffres à nous fournir, mais parle d’une campagne « plutôt militante », sans dépense excessive.
À côté du trio, Alain Sutter (2ème, Nouveau Centre), ne fait pas encore figure de mastodonte : « j’ai prévu 5 000 euros. C’est un pari avec moi-même, la barre des 5 % est un premier seuil à atteindre. Je pense qu’il n’est pas nécessaire d’engager des moyens extraordinaires et somptuaires. »
Ajoutons un chiffre, pour parvenir au cap des 10 000 euros. C’est le budget prévu par Claudette Moraine (3ème, Front de Gauche) : « on fait avec ce qu’on a ! ». Ses camarades Sylvain Dalla Rosa (1ère) et Michèle Leflon (2ème) devraient avoir dépensé respectivement 10 000 et 12 000 euros environ, la différence s’expliquant par un « quatre pages couleur » édité par la seconde.
10 000 euros « pour informer les habitants de la circonscription, notamment des dates des réunions publiques organisées dans leur secteur », c’est aussi l’objectif de Jean-Luc Warsmann (UMP, 3ème). Le député sortant souhaite « mener une campagne modeste » et ne prévoit qu’une somme autour de 4 à 5 000 euros pour les frais en nature, à valoriser, mais qui ne correspondent pas à des dépenses classiques.
Les trois candidats du Front National (Anne-Sophie Leclère, Benoît Girard et Laurent Guilbert, dans l’ordre des circonscriptions), s’appuient chacun sur un apport personnel de 15 000 euros, auquel il faut ajouter 3 000 euros prêtés par la Fédération sur demande. Là encore, le secrétaire départemental Eric Samynn précise : « Nous sommes soucieux des deniers de l’Etat ».
À l’étage supérieur, on observe un tir groupé autour de 30 000 euros. On y trouve Philippe Vuilque (2 ème cir., DVG) à 28 000 euros, Nelly Fesseau (3ème, PS) à 30 000, Christophe Léonard (2 ème, PS) à 31 000 euros et un match nul entre Claudine Ledoux (PS) et Bérengère Poletti (UMP) dans la première circonscription, avec une facture de 32 000 euros, la moitié du plafond autorisé dans ce secteur.
Au-dessus, Boris Ravignon (2ème, UMP), annonce un budget « de l’ordre de 45 000 euros ». C’est l’impression des documents de campagne qui pèse lourd dans la barque : « Je tiens à faire connaître à mes concitoyens la totalité de mes propositions. Donc, on ne fera pas d’économies sur ce poste-là. »
Le candidat rappelle tout de même que « le plafond se situe à 66 048 euros selon nos calculs. »
Comme quoi, même les plus dépensiers veillent à rester, à leur échelle, le plus raisonnable possible.
Contacté, André Trottin (3e, sans étiquette), apparemment fatigué, a refusé de nous répondre, concluant par un énigmatique : « les guignols, ça va ! » Peut-on lui suggérer de prévoir dans son budget le recours à un conseiller en communication ?
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