Sedan: L’épicerie sociale et solidaire a dix ans « Le but c’est que demain, on n’ait plus besoin de nous »
L’épicerie sociale et solidaire de la rue Jean-Jaurès à Sedan, vient de souffler sa dixième bougie. L’année dernière, pas moins de 700 familles ont franchi la porte du petit commerce.
LA boutique ressemble à un petit commerce de proximité, ce qu’il y a de plus classique. Les grands murs clairs abritent de vastes rayons, sur lesquels trônent un tas de boîtes de conserve et autres denrées en tout genre ; deux gros congélateurs blancs ont été disposés au fond du magasin… Ce qui change un peu, c’est cette salle d’attente, installée à côté du bureau de la responsable Christine Ferron, qui sert notamment à accueillir les familles.
Dix ans que l’épicerie sociale et solidaire a ouvert ses portes aux premiers visiteurs. À l’époque, une réflexion commune avait été menée entre le centre médico-social et une poignée d’associations caritatives du secteur, partis d’un triste constat : pour les personnes en situation précaire, il est difficile d’assumer simultanément le poste alimentaire et le paiement des charges fixes. À l’issue de cette rencontre naissait l’idée de création d’une épicerie sociale et solidaire, avec l’objectif d’harmoniser la distribution de l’aide alimentaire sur la circonscription de Sedan et d’introduire une notion éducative dans ce projet. L’association Escale — pour Espace de solidarité, conseils alimentaires et de libre échange — voyait le jour en juillet 2002 et l’épicerie accueillait ses premiers clients neuf mois plus tard, en avril 2003.
10 % du prix des commerces
Les six premiers mois, 244 familles se sont inscrites, puis 478 la suivante. En 2012, ce son pas moins de 1 700 familles qui ont franchi le seuil de l’épicerie solidaire, soit 5 000 personnes au total. Au départ, personne n’imaginait qu’elle verrait passer tant de monde.
« L’objectif, c’était de monter une structure qui permette aux gens de faire leurs courses, de payer à moindre prix, mais de payer quand même », note la responsable qui ajoute : « Le but c’est que demain, on n’ait plus besoin de nous, que tout le monde s’en sorte sans les aides. Mais à l’heure actuelle, c’est de l’illusion. »
Aujourd’hui, elle voit de plus en plus de salariés remplir un dossier. « Pour certains d’entre eux, ce n’est pas facile. Ils venaient parfois après 16 heures, juste parce qu’il y a moins de monde. »
Alors elle en est sûre, la situation du magasin, retiré au fond du parking, à l’écart de la rue Jean- Jaurès, c’est un atout.
Les articles qu’on trouve dans l’épicerie arrivent à 80 % par le biais de la banque alimentaire. « Ils collectent leurs produits dans les magasins et font office de centrale pour les produits issus de l’Union européenne », explique Christine Ferron. Les 20 % restants, elle les achète. « Dans des centrales d’achat spécialisées dans la vente aux épiceries sociales et solidaires, pour les produits d’hygiène et d’entretien. Auprès de maraîchers locaux pour le complément en légumes. » Dans la boutique, on trouve les articles à 10 % du prix des commerces.
« Un paquet de pâtes coûte dix centimes ; trente centimes pour une barquette de beurre », relève Claude. Elle est l’une des cinq salariés de l’épicerie, arrivée en 2007. « Chacun fait un peu de tout : la mise en rayon, la caisse, les inscriptions… » Parce que le magasin est ouvert à tout le monde, mais sous condition d’acceptation du dossier. Ce sont essentiellement les revenus et les dépenses du foyer qui sont pris en compte. « Il y a une formule de calcul qui est appliquée, qui permet de déterminer un pouvoir d’achat », détaille Christine Ferron. Et ce pouvoir d’achat, c’est la somme que la famille peut dépenser dans l’épicerie chaque mois. Histoire de continuer à faire ses courses, « comme tout le monde ».
Mélanie DEMAREST
Épicerie sociale et solidaire de l’association Escale,
19 C rue Jean-Jaurès à Sedan ; 03.24.22.75.20.
Les inscriptions ont lieu tous les après-midi de 14 heures à 16 heures, sauf le mercredi.
Ouverture du magasin : le lundi de 14 heures à 16 h 45, le mardi et le vendredi de 10 heures à 11 h 45 et de 14 heures à 16 h 45, le mercredi de 10 heures à 11 h 45 et le jeudi de 14 heures à 16 h 45.
Article paru dans l’Ardennais du 4 juillet 2013: