Négawatt articule sobriété et efficacité pour les 40 ans à venir.

« Sortir de l’ébriété énergétique. » C’est l’objectif de l’association négawatt qui vient de publier son manifeste de 400 pages pour assurer la transition énergétique en France. Envoyé à tous les candidats à la présidentielle, ce plaidoyer repose sur une analyse détaillée de la situation actuelle et des moyens pour réduire de façon drastique l’énergie fossile et nucléaire.
C’est donc à une réflexion approfondie à laquelle avait été convié le public ardennais par l’agence locale de l’énergie dans une salle du cinéma le Métropolis à Charleville-Mézières le mardi 3 avril. Thierry Salomon, président de Négawatt a présenté le scénario élaboré pour la période 2011-2040, et fondé sur la trilogie « sobriété – efficacité renouvelables ». Car le constat est simple : « Notre dépense énergétique fondée sur l’énergie fossile est la cause du réchauffement climatique, un processus qui pourrait être très prochainement irréversible (la fonte complète du permafrost qui libère du méthane accentuera ce phénomène). La surexploitation pétrolière nous amène à un point de basculement avec une consommation aujourd’hui plus importante que les découvertes de gisement. »

Réduire l’énergie fossile au profit de la photosynthèse

La sobriété, basée sur une échelle des besoins, est donc l’amorce de la solution avec le développement de l’habitat passif (qui pourrait supprimer toute dépense de chauffage) mais aussi en repensant l’urbanisme et le réseau routier, la taille des véhicules tout comme la réduction des terres artificialisées.

Ensuite, l’efficacité consiste à agir sur les choix techniques afin d’optimiser la quantité d’énergie nécessaire à satisfaire un service énergétique donné. « Ainsi aujourd’hui 76 % de l’énergie primaire pour la production électrique n’est pas utilisée, soit 900 milliards de kilowatt/h. » Et de rappeler que jouer sur un ordinateur est loin d’être anodin : « Votre avatar dans un jeu comme Second Life va consommer 175 kilowatts/h par an alors qu’un Éthiopien ne dépense que 40 kilowatts/h. » La solution passe par le recours aux énergies renouvelables qui doivent permettre de valoriser les énergies les moins polluantes et les plus localisées (biomasse, photovoltaïques etc.) « Alors quelle nécessité peut avoir le projet Iter (projet de réacteur à fusion nucléaire) autre que reproduire ce que nous avons déjà : le soleil, ce continent entier qui n’est pas exploité », s’exclame le conférencier pour qui il est impératif d’orienter les 60 milliards destinés au nucléaire vers la transition énergétique. L’objectif, « parfaitement réalisable », est d’ici 2040 d’atteindre la production d’une électricité 100 % renouvelable. Une conversion qui pourrait, par ailleurs, créer 700 000 emplois en France. Fondé sur un diagnostic et des solutions précises, Négawatt revendique donc une approche à la fois pragmatique et réfléchie pour pouvoir tout simplement « rendre possible ce qui est souhaitable ».

Informations sur www.negawatt.org