Les maires prêts à démissionner pour sauver leurs collèges
ARDENNES. Si la carte intercommunale a mis en émoi le nord des Ardennes, dans le sud c’est la fermeture de deux collèges qui fâche. Le ras-le-bol des maires est perceptible.
DANS la foulée de l’opération ville morte organisée mercredi, au sein de la commune du Chesne, une trentaine d’élus locaux, remontés comme des coucous, ont tenu une réunion à l’hôtel-de-ville tout proche. Hier matin, ils étaient reçus en préfecture.
Témoignages de leur incompréhension à travers les réactions de quelques élus locaux.
Frédéric Mathias, maire de Boult-aux-Bois : « On est résolument hostiles au regroupement des élèves sur les multisites de Vouziers et Buzancy. Si la situation ne se décante pas rapidement, on est prêts à remettre notre démission au préfet. On souhaite arriver à une réflexion collective, car nous n’acceptons pas du tout la façon unilatérale avec laquelle les services de l’Éducation nationale ont mis les choses en place. Sans jamais consulter les populations et les élus locaux concernés. Une méthode qui nous paraît tout à fait scandaleuse ».
« Pas des citoyens de seconde zone »
Bruno Deswaene, maire de Sy et psychologue de profession : « Il y a une vraie mobilisation face à ce projet hallucinant. On en a marre d’être considérés dans nos contrées comme des citoyens de seconde zone. Parce qu’on est dans la ruralité, les technocrates veulent tout nous enlever comme ça. Nous les maires, on n’est pas là pour ne compter que les chiens écrasés dans nos communes ou pour délivrer des cartes d’identité.
Nous sommes aussi élus pour développer des projets de canton à l’échelle humaine et maintenir une qualité de vie. Alors que là, on ne tient pas du tout compte de l’intérêt des enfants. On déplore par ailleurs l’étonnant mutisme du chef de l’exécutif départemental sur la question. Et si tout cela n’évolue pas dans le bons sens et qu’on n’est pas écoutés, on envisage de démissionner. Et les technocrates prendront en charge la gestion de nos villages. ».
Francis Potron, maire de Bar-lès-Buzancy : « J’espère que la grande manifestation organisée, samedi matin à Buzancy, regroupera un maximum de monde. Que ce soient les élus concernés, dès la rentrée 2013, par des fermetures d’établissement ou de classes au Chesne, à Buzancy, à Bazeilles et Givet ou ceux qui pourraient à leur tout être touchés l’année prochaine. Puisqu’on sait déjà que les collèges de Château-Porcien et Liart sont déjà sur la sellette. On donnera la parole à tous pour qu’ils puissent dire que la ruralité est réellement en danger. C’est ce qui fait qu’on continuera à se battre. Car si on continue à perdre des services publics, la désertification nous guette. Qui nous remboursera nos investissements si demain on perd de la population sur nos territoires ? A Bar-lès-Buzancy, mon équipe municipale est déjà prête à se retirer. On espère que le préfet fera remonter toutes ces informations au ministère de l’Intérieur afin de faire savoir en haut lieu qu’il y a un gros problème dans les Ardennes ».
Jean-Pierre Corneille, maire de Landres et Saint-Georges : « Ce qui est révoltant c’est l’absence totale de concertation. M. Dutot nous a annoncé à brûle-pourpoint ses orientations sans nous expliquer sa méthode et sans se soucier le moins du monde des conséquences pour nos territoires. Je prends l’exemple de ma commune. Pendant trente ans, on n’a pas eu, ici, de maisons à vendre ou à construire. Un phénomène qui s’est inversé ces dernières années. Et la première préoccupation des nouveaux arrivants est liée aux équipements scolaires de proximité. Comment maintenir cette dynamique si le collège de Buzancy est rayé de la carte ? Sachez aussi que les élèves présents, ici, n’ont pas à rougir de l’enseignement exercé en milieu urbain ».
Propos recueillis par Pascal REMY
Article paru dans l’Ardennais du 1 février 2013:
« On luttera jusqu’au bout »
Jacques Morlacchi, conseiller général divers gauche du canton du Chesne : « Avant d’aller au ministère, on souhaitait voir le préfet et le président du conseil général, lequel a tout de même une responsabilité dans l’avenir des collèges. Samedi à 9 h 30, nous serons tous à Buzancy pour apporter à notre tour notre solidarité aux élus de ce canton, eux aussi, courroucés par l’éventuelle fermeture de leur établissement au profit du développement du multisite de Grandpré. On ira jusqu’au bout d’autant que la manifestation de jeudi au Chesne nous a montré que tout le monde était dans la bataille.
Vu la volonté exprimée par toute une population de garder son collège, on ne comprendrait pas que la décision soit maintenue à un moment où la ruralité gagne en habitants au détriment des grandes villes ».
Article paru dans l’Ardennais du 1 février 2013:
http://www.lunion.presse.fr/article/autres-actus/on-luttera-jusquau-bout
Le Dasen viendra au collège le 11 février
La rencontre entre le directeur académique des services de l’Éducation nationale, M. Dutot, et les membres de l’association autonome des parents d’élèves du Chesne et de ses environs, déjà reportée à deux reprises les 18 janvier et 30 janvier, devrait bien avoir lieu.
M. Dutot a, en effet, fait savoir à Elodie Garden qu’il viendrait au collège du Chesne le lundi 11 février à 18 heures.
Au cours de cette intervention, le Dasen (nouveau sigle donné à l’inspecteur académique) devrait expliquer le projet qu’il a dévoilé en conférence de presse le 16 janvier dernier et tenter de convaincre ses interlocuteurs qu’un collège en dessous de 350 élèves n’est pas viable pédagogiquement.
Mais si l’on se fie au tract distribué lors de la manifestation de mercredi au Chesne, l’entrevue s’annonce d’ores et déjà musclée.
Morceaux choisis parmi d’autres du même acabit : « M. Dutot pavoise, arrogant et provocateur comme un paon à la saison des amours et fait le beau… Il a un immense mépris pour la ruralité et un irrespect ahurissant à l’égard des parents et des élus ».
La discussion promet donc d’être chaude…
Article paru dans l’Ardennais du 1 février 2013:
http://www.lunion.presse.fr/article/autres-actus/le-dasen-viendra-au-college-le-11-fevrier