Le coup de gueule publicitaire d’un entrepreneur

BUZANCY (Ardennes). Voirie et réseau défectueux : las de ne rien voir bouger sur le secteur, un entrepreneur de Buzancy a placardé en grand format son message au conseil général.

«Qu’on parle de moi en bien ou en mal, peu importe. L’essentiel, c’est qu’on parle de moi ! » S’il adhère à cette citation de Léon Zitrone, le conseil général a de quoi être ravi.

Depuis plusieurs semaines, le Département et son représentant cantonal, Pierre Vernel, jouissent d’une publicité gratuite placardée sur le bâtiment de l’entreprise SMPF. Un grand « Merci » ironique s’offre ainsi à tous les automobilistes qui traversent Buzancy.

« Lors de sa première élection, M. Vernel avait assuré qu’il réunirait tous les acteurs économiques du canton au moins une fois par an. Ça fait dix ans et on attend toujours », commente Thierry Moreaux, patron de la SMPF, qui tourne à une douzaine d’employés et transforme des produits sidérurgiques.

Sur son panneau contre-publicitaire, entre la menace pesant sur le collège, la « gestion rigoureuse des deniers publics » et, de façon générale, « l’intérêt porté au développement du canton », deux points sont plus spécifiquement pointés : « la qualité du réseau routier et de téléphonie mobile ». Exprimé en une pique, le ras-le-bol sonne malgré tout comme un appel à l’aide.

« Ça fait cinq ans que je réclame une route digne de ce nom », attaque Thierry Moreaux. « La traversée de Buzancy, c’est désastreux, on appelle ça le village aux rustines. Et c’est quand même la route pour le Luxembourg. » Devant son entreprise, l’état de la RD947 où les bosses se disputent aux trous, ne le contredit pas.

18 messages en absence

« Quant au réseau de téléphonie mobile et internet, un coup ça passe un peu et un coup, rien du tout. Et encore ça dépend des opérateurs », continue l’entrepreneur bien remonté. « C’est complètement inadapté au niveau d’une zone artisanale. C’est difficile de comprendre qu’on est capable d’investir autant dans une zone et ne pas être fichu de mettre un pylône pour assurer un réseau constant, avec un minimum de deux barres. »

Notons qu’une antenne relais SFR est en service à Verpel ou encore à Nouart, mais aucune à Buzancy. Et de décrire le ballet des chauffeurs poids lourds qui chargent et déchargent dans le secteur et errent à pied dans la commune avec leur téléphone portable pour essayer de trouver du réseau et faire le point avec leur base.

« Une fois, quand je suis rentré chez moi, j’avais 18 messages en absence qui se sont affichés… Vis-à-vis de nos clients, ça ne fait pas sérieux », ajoute Philippe Hons, gérant de la Sapeb 08, qui produit notamment des portes coulissantes.

« À 10 km d’ici, vous avez un beau panneau  »les Ardennes, cœur de l’Europe ou vue sur l’avenir »… Et quand les chauffeurs arrivent ici, les Roumains et les Polonais, ils se demandent où ils sont. Ils ont du réseau partout, sauf ici. Ce n’est pas normal, on ne peut pas avoir une zone d’activités qui fonctionne comme ça. On est prêt à mettre des millions dans une zone qu’on n’est pas capable de remplir et le peu d’entreprises qui sont là, on ne les aide pas. Mais après tout, je n’ai créé que trois emplois, ça n’intéresse personne, nos petits soucis. »

Exposés au grand air comme ils le sont, au moins ne passeront-ils pas inaperçus.

Article de Audrey BENZAKEN paru dans l’Ardennais du 18 décembre 2012:

http://www.lunion.presse.fr/article/ardennes/le-coup-de-gueule-publicitaire-dun-entrepreneur

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