Lait : Le commerce équitable pour sauver la profession
Face à la crise du lait, des agriculteurs prennent les devants
Le commerce équitable pour sauver la profession
Regroupés en coopérative, quatre-vingts producteurs de lait ardennais ont créé leur marque « Faire France ». Un business. Ils espèrent ainsi ne pas s’écrouler.
LES producteurs de la coopérative Faircoop ont le sourire aux lèvres. Ils viennent de lancer leur lait équitable sous la marque Faire France. Et ils comptent beaucoup sur leurs nouvelles briques pour donner un nouveau souffle au métier. Les agriculteurs ardennais sont quatrevingts à tenter cette initiative. Ils proposent, dans les grandes surfaces, du lait à 93 centimes, contre 60 en moyenne. Dès qu’une brique passe en caisse, 10 centimes reviennent directement aux exploitants.
Sensibiliser les consommateurs
Faircoop redistribue ensuite l’argent aux adhérents. Ce système est déjà appliqué en Allemagne, en Autriche, en Belgique. Un succès paraît-il.
« Les Belges sont tellement heureux qu’ils ne dépensent pas leur dividende. Ils les réinvestissent dans la coopérative, explique Thierry Lebegue, agriculteur depuis 30 ans, près de Vouziers. De notre côté, on va désormais vendre du lait à un prix raisonnable. Tout le monde gagnera sa vie. »
Encore faut-il que les ménages soient prêts à dépenser plus en temps de crise. « Notre produit est moins cher que de la marque, tient absolument à préciser son collègue Jean-Michel Burteaux. Mais on est très bien conscients que les foyers en difficultés économiques ne le choisiront pas. »
Et d’ajouter : « On ne va pas bouleverser les consciences du jour au lendemain. C’est à nous de sensibiliser les consommateurs. »
Dans tous les cas, ces hommes jurent que leur commerce équitable est une question de survie. « Le lait à 60 centimes ne durera pas encore longtemps, assure Thierry Lebegue. Si les gens ne veulent pas payer davantage, leurs packs viendront de l’étranger parce qu’en France, il n’y aura plus de producteurs. » Comme un avertissement. Le souvenir des fortes grèves de 2009 plane toujours.
Meddeh BELKANICHI
Chaque brique « Faire France » achetée rapporte dix centimes aux paysans ardennais.
Article paru dans l’Ardennais du 4 juillet 2013: