écoles : Des maires vont démissionner
Statu quo à l’issue de la réunion d’hier en préfecture sur la carte des collèges et lycées
Des maires vont démissionner
La table ronde n’a pas arrondi les angles. L’administration maintient ses positions sur l’avenir des collèges du Chesne et de Buzancy, des lycées de Givet et de Bazeilles. Des élus veulent rendre leur écharpe.
SI personne ne se faisait vraiment d’illusions démesurées, force est de constater qu’au sortir hier d’une table ronde en préfecture, le dossier des collèges multisites de Vouziers-Le Chesne et Buzancy-Attigny et des lycées de Givet et Bazeilles n’a pas avancé d’un iota. Pourtant, pour la première fois, étaient réunis sous le patronage laïc du préfet le représentant de l’Éducation nationale (le Directeur départemental, Patrice Dutot), des élus (parlementaires, conseillers régionaux et généraux, maires) et une délégation du collectif « Sauvegardons nos écoles » encadrant le gréviste de la faim Emmanuel Jacquemin (nos éditions de mardi, mercredi, jeudi). « Le dialogue espéré s’est apparenté à un monologue » a expliqué l’élu de Pouru-Saint-Remy. « On ne peut que déplorer l’inflexibilité du rectorat, qui va d’ailleurs encore, la semaine prochaine, poursuivre son travail de sape (en mettant en oeuvre les décisions actées, en confirmant par exemple les mutations d’enseignants consécutives aux transferts de filières ou fermetures de sites).
Dans ces conditions, évidemment, je continue ma grève ». Passablement agacés par ce statu quo, des maires (et leurs collègues adjoints ou « simples » conseillers) des localités des secteurs concernés du Vouzinois ont annoncé hier leur volonté de rendre leur écharpe. Leur courrier pourrait être adressé rapidement au préfet. « Plus on est dans la bataille, mieux c’est. Ce qui ressemblerait à une démission collective va appuyer ma démarche et celle du Collectif. Notre revendication à tous demeure la même, résumée dans une lettre envoyée au ministre Vincent Peillon le
26 mai : un moratoire sur les mesures et fermetures décidées par le recteur et le Dasen. C’est l’avenir de nos territoires qui est en jeu. »
Par ailleurs, une démarche unie des parlementaires ardennais pour obtenir un rendezvous auprès du même Vincent Peillon serait initiée. Reste que le calendrier file. Reste aussi, en coulisses, que
derrière le rideau unitaire du collectif et les refrains de consensus, les chicayas politiques ne sont pas loin. « Ils pleurent les conséquences des suppressions de postes qu’ils ont votées hier » s’agacent des élus de gauche en parlant de leurs collègues UMP.
« La gauche donneuse de leçons est la première à refuser toute concession, et il y a même des pressions sur des fonctionnaires (membres du collectif) » se plaint-on à droite. Le feuilleton
continue.
Peut-être même dès aujourd’hui à Paris ! Hier soir en effet, sur les réseaux sociaux, des militants du Collectif annonçaient un possible « happening » pour sensibiliser nos confrères nationaux… Ce
qui ne semblait pas gagné d’avance.
Philippe MELLET
Le Dr Jacquemin inquiet
Oncle d’Emmanuel, le gréviste de la faim, le Dr Daniel Jacquemin, ancien praticien au centre hospitalier de Sedan, ancien conseiller général (RPR), a écrit au ministre Vincent Peillon.
Disant craindre que l’état de santé de son neveu ne se dégrade rapidement, il plaide pour un réexamen des mesures annoncées et suggère d’organiser un rendez-vous entre le ministre (ou l’un de ses collaborateurs) et une délégation du collectif « Sauvons nos écoles ».
La version du rectorat et celle du député…
A sa façon, bien qu’évoquant la poursuite du dialogue, le rectorat a entériné hier après-midi le statu quo…
D’où ce communiqué un peu « langue de bois » mais in fine explicite. Et qui mérite donc une traduction : l’administration renvoie la responsabilité du transfert bazeillais aux… parents d’élèves, parle pudiquement de transition dans le Vouzinois et à Givet, acte sans acter tout en actant sa préférence pour un transfert de la filière L sur Revin… après les résultats du bac connus (mi-juillet, donc).
« A Bazeilles : le choix de renforcer le pôle académique hôtellerie-restauration se concrétise et se traduit par l’augmentation de la capacité d’accueil en BTS « hôtellerie-restauration » et par l’ouverture à la rentrée 2013 d’une licence professionnelle « chef de projet et créateur d’entreprise touristique ». Concernant le transfert des séries générales vers le lycée Pierre-Bayle de Sedan, le projet est discuté depuis l’année scolaire 2011-2012. Le processus de transfert débutera à la rentrée 2013 mais alors que la fermeture des classes de seconde n’était pas prévue en 2013, l semble qu’une importante majorité de parents aient choisi d’inscrire leurs enfants à Sedan dès la rentrée de septembre. Concernant les deux collèges Grandpré-Buzancy et Vouziers-Le Chesne, comme le recteur s’y était engagé, aucun site ne fermera à la rentrée 2013 mais l’organisation pédagogique évoluera afin de faciliter la transition des collégiens vers leur lycée de secteur, celui de Vouziers.
Enfin, à Givet, un bac professionnel « préventeur des risques en environnement nucléaire » ouvrira à la rentrée 2013. Les décisions concernant la série littéraire ne sont pas actées bien qu’au vu des effectifs, un regroupement avec le lycée de Revin semble être la meilleure hypothèse permettant de pérenniser cette formation. D’autres solutions ont été proposées à l’équipe pédagogique et les inspecteurs pédagogiques sont mobilisés pour l’accompagner. Dès que les résultats définitifs du bac seront connus, la meilleure solution pour la réussite des élèves pourra être arrêtée. »
Le député PS Christophe Léonard, de son côté, a indiqué hier soir que pour Givet, il avait entendu le directeur Patrice Dutot affirmer au contraire qu’une première L serait maintenue à Givet en septembre (et que suivrait une réflexion sur d’éventuellesmutualisations). Pour le reste, sans doute parce que le sujet concerne la filière littéraire, dans son communiqué, le parlementaire a choisi une sémantique lyrique. « Il n’y a pas d’un côté les « sachants » et de l’autre des protestataires inconséquents… » a glissé M. Léonard. Avant de conclure : (il faut) « un laboratoire de réflexions pour proposer et défendre sur chaque sujet une vision commune de l’avenir de notre département qui ne soit pas une vision défensive mais au contraire une vision offensive et rospective.
A défaut la non prise en compte des attentes de la population par une élite autoproclamée nourrit la désespérance sociale et par conséquent le vote protestataire et extrême qui mine la démocratie.
Articles parus dans l’Ardennais du 29 juin 2013:
lunion.presse.fr