Des centaines d’élus sur le point de démissionner

Des centaines d’élus sur le point de démissionner

Ils s’opposent aux fermetures de collèges en Argonne

Des centaines d’élus sur le point de démissionner

Presque tous les maires et conseillers municipaux des cantons de Buzancy et Le Chesne sont prêts à démissionner pour défendre leurs collèges. Ils suspendent leur décision aux conclusions d’une réunion cruciale, qui se tient ce matin au Rectorat.

QUASIMENT 200 élus pour le seul canton de Buzancy, (maires et conseillers municipaux compris), autant pour le canton du Chesne, sans compter les élus de villages proches mais dépendant d’autres cantons (Bouvellemont, Baâlons, Jonval, Lametz, etc.) : tout ce beau monde menace de rendre son écharpe tricolore au préfet, si le rectorat entérine, entre autres, la fermeture du collège de Buzancy (prévue en 2014) et le transfert des élèves de 3e du Chesne vers Vouziers (dès septembre).

Concernant les élus du canton de Buzancy, Francis Potron, maire de Bar-lès- Buzancy, s’est rendu hier matin à la sous-préfecture de Vouziers. Il a remis au souspréfet Jean-Luc Jaeg un courrier signé par vingt maires, promettant leur démission tonitruante, ainsi que celle de tout leur conseil (une dizaine d’élus à chaque fois) si la nouvelle carte scolaire sacrifie les collèges de Buzancy et le Chesne.

Cette avalanche de démissions a été décidée lors d’une réunion lundi soir à Nouart, où les élus du canton de Buzancy ont dit leur « ras-lebol de ne pas être écoutés ». « C’est à se demander à quoi cela sert d‘être élu ! », s’agaçait hier matin Francis Potron.

Dénouement à 10 heures

Hier soir, les élus du canton du Chesne se sont à leur tour réunis. Dans la journée, le maire du Chesne Gérard Deglaire, et son homologie de Sy, Buno Deswaene, avaient sondé un par un les élus. « À plus de 80 %, ils sont prêts à imiter ceux du canton de Buzancy », estimait Gérard Deglaire. Précipitée mais très sérieuse, la menace de ces centaines d’élus ruraux vise à peser sur la réunion cruciale qui se tient ce matin à Reims.

Après plusieurs tables rondes à l’initiative de l’Inspection d’académie, puis du préfet, le curseur est encore monté d‘un cran : cette fois, c’est un conseiller du ministre de l’Éducation nationale, Vincent Peillon, qui recevra au rectorat une délégation d’élus et d’opposants à la nouvelle carte scolaire.

Seront présents les députés Warsmann et Léonard, la suppléante de Bérengère Poletti, le sénateur Benoît Huré, plusieurs conseillers généraux parfois directement concernés (Claude Wallendorff à Givet, Jacques Morlacchi au Chesne, Pierre Vernel à Buzancy), ainsi que des maires tout aussi concernés (Pierre Sulfourt à Bazeilles, Gérard Deglaire au Chesne). Les accompagneront des représentants de parents d’élèves, du SNES (Syndicat du secondaire), et plusieurs membres des deux collectifs très actifs depuis l’automne : Sauvegardons nos écoles et GiVi J’y reste (dans la Pointe).

Depuis ce printemps, l’opposition à la nouvelle carte scolaire a pris des formes de plus en plus radicales. A Givet, des enseignants ont fait un quasistrip- tease puis ont menacé de bloquer les épreuves du baccalauréat ; à Charleville, l’élu Emmanuel Jacquemin a entamé une grève de la faim, qui dure depuis 33 jours ; à Paris ce week-end, son collectif a simulé un peloton d’exécution devant le ministère de l’Éducation nationale (lire nos éditions d‘hier).

Selon les décisions qui seront prises ce matin à Reims, le mouvement pourrait atteindre son apogée, avec une quarantaine de communes se retrouvant du jour au lendemain sans aucun élu pour les diriger.

Guillaume LÉVY

Article paru dans l’Ardennais du 3 juillet 2013:

lunion.presse.fr

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