91 % de « oui » au ramassage du tri en porte-à-porte

VOUZIERS (Ardennes) 1.500 foyers ont parlé. Et la collecte du tri en porte-à-porte a été plébiscitée (à 91 %) par les habitants ayant répondu au sondage du collectif d’opposants.

SUR la table, devant les membres du collectif, les bulletins sont triés, par commune ou par type de réponse. Et le tri, c’est justement le cœur de la polémique qui agite le sujet de la collecte de déchets.
Pour rappel, des élus contestent le passage de l’ensemble des communes de la 2C2A à l’apport volontaire. Quinze des 100 communes du territoire de l’Argonne ardennaise* devaient abandonner leur habituel porte-à-porte, pour la collecte sélective, depuis le 1er juillet.

Devant le refus de la 2C2A d’organiser un référendum permettant de connaître l’avis des habitants, le collectif avait décidé de mener lui-même cette consultation (notre édition du 7 juin).
L’heure est donc à la proclamation des résultats. Et sans surprise, les personnes qui ont répondu plébiscitent le porte-à-porte.
À la question « Préféreriez-vous le ramassage sélectif au porte-à-porte, plutôt que l’apport volontaire dans les conteneurs ? », 91 % ont répondu oui, annonce le collectif. Sur 7.400 envois postaux, 1.502 réponses sont revenues, qui représentent 3.075 habitants. Un total plutôt significatif.
« Nous sommes satisfaits du taux de retour, apprécie Pierre Laurent-Chauvet, maire de Champigneulle et membre du collectif. C’est d’autant meilleur que beaucoup des « non » évoquent le prix et disent que le porte-à-porte coûterait trop cher. »

« 50 centimes de plus ? Et l’essence ? »
Le prix, c’est en effet un élément très discuté par les opposants qui se posent les questions suivantes : pourquoi la 2C2A ne chiffre-t-elle pas précisément le surcoût ? Comment expliquer que dans d’autres communautés de communes, le porte-à-porte revienne moins cher ? Et même si ça devait coûter un peu plus cher, n’est-ce pas à la population de choisir le système qui lui convient ?
« Si on est sur un surcoût de 6 euros, ça représente 50 centimes par mois, calcule Francis Potron, maire de Bar-lès-Buzancy. Je comprends que les gens aient peur de payer plus, mais 50 centimes, on les mange quasiment dès qu’on prend la voiture ! Il faut tout calculer. »

« On est quasiment les seuls dans les Ardennes à opter pour l’apport volontaire ! rappelle Pierre Laurent-Chauvet. Pour nous, les élus ont été amenés à prendre une décision sans connaissance de cause. Un délégué de la 2C2A ne savait même pas que le porte-à-porte existait ! »
Les opposants en appellent au rôle d’un élu : « On doit essayer de proposer ce que souhaite la population. Les jours d’un élu sont comptés s’il n’applique pas les souhaits de ses administrés. C’est un vrai enjeu électoral. » Et d’isoler le cas de Vouziers. « On n’a eu aucun « non » à Vouziers. C’est pourtant là-bas que tout a commencé, quand la ville a demandé le retrait de Copel (l’entreprise de collecte en porte-à-porte, qui a alors demandé à cesser ses tournées). Les gens ne trient plus, ils préféraient le porte-à-porte, c’est clair. »

Bientôt des montagnes de sacs ?

Un habitant a joint à sa réponse une lettre soulevant un vrai problème : atteint d’une maladie lourdement invalidante, il ne peut se rendre aux points d’apport volontaire. Sa mère et sa tante, octogénaires, ne peuvent lui être d’un grand secours. Quelle solution pour les nombreux cas des personnes dépendantes, âgées ou handicapées ? « La solidarité ne marche pas dans tous les villages », font remarquer les dissidents, constatant que cette personne n’a d’autre solution que d’entasser chez elle les déchets recyclables. Des membres du collectif doivent rencontrer aujourd’hui le sous-préfet Joël Dubreuil. « Nous contestons notamment le fait que notre contrat avec Copel, qui courait jusqu’en 2014, puisse ne plus être respecté. Nous n’avons eu aucune nouvelle de sa part et pour nous, les pénalités de retard courent depuis que les camions ne ramassent plus nos sacs de tri ».
Au fil des semaines, la conséquence de cette vision des choses pourrait prendre l’aspect spectaculaire de montagnes de sacs de déchets triés, empilés dans les rues en attendant un camion qui ne passera jamais.

Jacques BERTHION

*Machault, Saint-Étienne-à-Arnes, Vaux-en-Dieulet, Oches, Thénorgues, Bar-lès-Buzancy, Tailly, Falaise, Grivy-Loisy, Quatre-Champs, Longwé, Mars-sous-Bourcq, Monthois, Savigny-sur-Aisne et Champigneulle.

http://www.lunion.presse.fr/article/ardennes/91-de-oui-au-ramassage-du-tri-en-porte-a-porte

La 2C2A : « La démocratie marche dans les 2 sens »

Contacté, le président de la com’com reste droit dans ses bottes.
Quand on lui demande si les résultats de la consultation sont propres à le faire changer d’avis, il met les choses au point : « Ce n’est pas mon avis, mais la décision de l’ensemble du conseil, du bureau et de la commission, quasiment à chaque fois à l’unanimité. »

Pour Francis Signoret, le coût et le taux de performance de tri impliquent de généraliser l’apport volontaire, déjà en place du temps du Sicrom.
Il reconnaît toutefois un certain poids au sondage organisé : « 1.500 foyers, c’est relativement significatif. Mais pas suffisant pour faire changer 85 communes plutôt que 15.
J’ai bien conscience que les habitants habitués au porte-à-porte peuvent vivre comme une régression du service le passage à l’apport volontaire, mais il s’agit de l’intérêt général, pas de leur seul intérêt personnel.
Ça a aussi un coût. Les gens interrogés n’avaient pas tous les éléments pour choisir. »

Le coût d’un paquet de cigarettes

Le président réfute tout manque de compétence ou erreur de la 2C2A dans le domaine. « Dire qu’on ne connaît pas bien la problématique des ordures ménagères, c’est un peu irréaliste : le directeur de la communauté de communes était celui de Valodea, dont je suis président. Et les indicateurs de la 2C2A sont bons. Je suis aussi toujours étonné par l’ampleur des débats liés aux déchets ménagers, chez nous comme ailleurs : on parle du prix d’un paquet de cigarettes par mois. »
Pour Francis Signoret, les éventuels entassements de sacs seront de la responsabilité des communes : « Les élus doivent respecter la décision de la majorité. La démocratie, ça marche dans les deux sens. »

http://www.lunion.presse.fr/article/autres-actus/la-2c2a-la-democratie-marche-dans-les-2-sens

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