2C2A : malaise dans les ordures

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VOUZIERS (Ardennes). De la grogne dans l’air à la 2C2A. Pointant un abus d’autorité, une poignée de communes s’opposent à la direction, autour du ramassage des poubelles.

ATMOSPHÈRE délétère à la 2C2A. La guerre des ordures semble déclarée. Face au bouleversement programmé du dispositif de ramassage des déchets, plusieurs maires et/ou adjoints paraissent bien décidés à défendre bec et ongles les intérêts de leurs concitoyens.
Explications. Avant la prise de compétence ordures ménagères de la com’com, quinze communes du territoire avaient conclu en 2008 un contrat avec la société Copel. L’entreprise vouzinoise devait ainsi assurer jusqu’à fin octobre 2014, le ramassage au porte-à-porte des déchets ménagers et sacs de collecte sélective dans les villages de Machault, Saint-Étienne-à-Arnes, Vaux-en-Dieulet, Oches, Thénorgues, Bar-lès-Buzancy, Tailly, Falaise, Grivy-Loisy, Quatre-Champs, Longwé, Mars-sous-Bourcq, Monthois, Savigny-sur-Aisne et Champigneulle.

Poubelles à puce

Deux situations coexistent donc pour la collecte sélective jusqu’ici sur le territoire : celle de la grande majorité des communes de la 2C2A collectées en apport volontaire et celle de ces 15 villages dont les sacs bleus et jaunes (une semaine sur deux) des habitants sont ramassés devant leur porte en même temps que les ordures ménagères.
Seulement par un courrier de l’interco en date du 1er février dernier, les 15 municipalités visées ont été informées de la fin anticipée de ces contrats, à la suite d’une demande de la société Copel. « Aussi à compter du 1er juillet 2012, les services de la 2C2A effectueront le ramassage des ordures ménagères en remplacement de l’entreprise Copel », indique la missive. Exit le porte à porte, « par application d’une décision de conseil de communauté* d’uniformiser les modes de collecte sélective sur tout le territoire de la 2C2A, […] à partir de cette date, la collecte sélective passera en point d’apport volontaire, les sacs de couleur ne seront donc plus ramassés. »

Pas très écolo

Les 15 communes sont ainsi invitées à réfléchir rapidement à un lieu d’installation pour leurs futurs conteneurs.
Par ailleurs d’ici le 1er juillet, tous les foyers du territoire devront être équipés de poubelles à puce, pour le passage global au paiement à la levée. La mise en place de ces bacs spéciaux a d’ailleurs commencé par le secteur du Chesne.
Toutefois pour la majorité des 15 villages, qui pensaient être « à l’abri » jusqu’à l’automne 2014, pas question d’assister à ce grand ménage de printemps sans réagir. « C’est tout de même l’entreprise Copel qui est venue nous voir pour nous convaincre de la suivre avant d’être avalés par la 2C2A. Et maintenant, on nous lâche, sans nous demander notre avis et on devrait trouver ça normal. On passe pour quoi devant nos concitoyens ? On l’a dit et redit, on avait tout fait pour être tranquilles jusqu’à la fin du contrat en 2014. Pour nous, ça faisait partie des conditions de signature du contrat. D’ailleurs, ça avait aussi été dit en conseil communautaire qu’on ne nous toucherait pas jusqu’en 2014 », commentent plusieurs maires pêle-mêle.
« La population de nos villages est vieillissante et on sait bien qu’ils n’iront pas déposer les corps creux au container si personne ne le fait pour eux. Par ailleurs, d’un point de vue écologique, on est loin du Grenelle de l’environnement. Il y aura donc un camion qui passera pour les ordures ménagères et un autre pour les conteneurs, sans compter les allers-retours en voiture des particuliers pour déposer leurs déchets dans les bennes… »

Des montagnes de déchets ?

Désormais, la riposte s’organise. « Nous, on continuera à mettre nos poubelles devant la porte et s’il y a une montagne, eh bien tant pis », commentaient certains en l’absence d’explication de la 2C2A.
Largement signées par la population, des pétitions ont déjà tourné dans les villages concernés et été présentées à Francis Signoret, président de la 2C2A, lors d’un entretien sollicité par les élus « dissidents », jeudi soir dernier (auquel notre journal a été prié de ne pas assister).
Et la fronde ne semble pas vouloir s’arrêter en si bon chemin. « On aimerait aller plus loin et interroger la population sur l’ensemble du territoire de la 2C2A pour savoir si elle est satisfaite du service actuel et favorable à l’apport volontaire », explique le petit groupe d’élus remontés. « Peut-être que les gens ne sont pas d’accord sur le principe. Beaucoup de communes nous jalousent et on les comprend. Le système en porte à porte n’est pas seulement plus pratique, il est aussi plus écologique. Et beaucoup de communes, sont déjà revenues en arrière après être passées à l’apport volontaire. Notre système ne nécessite pas d’investissement supplémentaire en containers et lieu d’implantation. Il suffit que le prestataire ait un camion à deux compartiments et il n’y a pas à passer deux fois sur la commune. Un élu doit aller vers le mieux-vivre de sa population et là, c’est le contraire. »

Un référendum en projet

Seulement les élus ne cachent pas qu’ils ont peu d’espoir de voir la 2C2A organiser ce référendum. « Mais s’il le faut, on le fera nous-mêmes », précisaient-ils.
La bisbille semble dépasser le cadre du ramassage des ordures, qui apparaît plutôt comme l’épluchure qui fait déborder la poubelle. « On sent qu’il y a un malaise qui monte dans cette com’com, qui n’est plus démocratique. On ne se sent plus écouté avec des décisions prises d’avance qui nous arrivent en conseil, et qu’on ne fait qu’acter. On sert à quoi ? Il faut crever l’abcès », ajoutent les élus réfractaires, qui semblent pour le coup parler d’une même voix. « Ce qui n’est pas acceptable, c’est le diktat de la direction de la 2C2A qui nous impose un truc sans discussion. Nos 15 communes représentent tout de même près de 3.000 habitants, soit un sixième de la population de la com’com et cette rupture anticipée n’a même pas été présentée en conseil communautaire. Quant au passage au paiement à la levée avec le système de bacs à puce qui est en train d’être mis en place, la moindre des choses, c’est qu’il y ait un prévisionnel sur le coût pour l’usager. »
À peine lancées, les poubelles à puce sont parties pour en démanger plus d’un.

Dossier Audrey BENZAKEN

(*) Délibération du 5 janvier 2011 du conseil de communauté validant le programme de rationalisation et d’optimisation du service public d’élimination des déchets ménagers, notamment par reprise des collectes d’ordures ménagères en porte-à-porte assurées par Copel et l’harmonisation de la collecte sélective en apport volontaire (à l’origine envisagée à la fin du contrat prévue en 2014).

http://www.lunion.presse.fr/article/ardennes/2c2a-malaise-dans-les-ordures

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