Collèges : «La concertation est une mascarade !»

Collèges : «La concertation est une mascarade !»

LE CHESNE (Ardennes). Mercredi, plus de 150 personnes ont défilé au Chesne, pour dénoncer la trahison des engagements de l’Éducation Nationale et de nouvelles craintes pour la rentrée 2013.

ON n’avait plus entendu parler du dossier depuis l’arrêt des interventions de Bruno Deswaene, maire de Sy et psychologue de métier, auprès des enseignants.
L’élu dénonçait un rapport de cause à effet avec son opposition à la fermeture du site de collège du Chesne (notre édition du 6 avril).
Mercredi, ce point n’a été évoqué qu’à la fin d’une rencontre entre élus (lire par ailleurs). Le grief, que l’on peut résumer par la question « un maire exerçant certains métiers ne peut-il pas s’exprimer ? » n’était que la note finale d’une exaspération manifestée par plus de 150 personnes.
Au départ du collège du Chesne, le cortège qui comptait de nombreux opposants du secteur, mais aussi de Buzancy et de nombreux élus, a rallié la mairie en criant ses craintes et son sentiment de trahison.
On avait pourtant quitté les protagonistes avec la promesse de groupes de travail thématiques et un sursis à la fermeture des sites pour 2013 consenti par le recteur.
Mais pour les manifestants, on est aujourd’hui loin du compte.
Pour le Chesne, d’abord, la président des parents d’élèves fait un constat simple. « Le recteur avait promis la mise en place de trois groupes de travail sur les thématiques suivantes :
– la pédagogie et la réussite éducative des collégiens,
– la dimension financière de cette organElisation,
– l’égal accès à un service public d’éducation tenant compte d’un nécessaire aménagement du territoire. Aujourd’hui, il n’y a qu’une seule commission, où on entend des propositions pas applicables et dont on ne sait pas quel écho départemental elle aura.
Nous refusons que le travail de cette commission soit partial et à charge.

« On se sent coincés ! »

À la fin, ils diront qu’on était là et si on claque la porte, on nous le reprochera. On se sent coincés. »
La responsable avoue avoir des craintes pour la rentrée 2013. « Et on ne connaîtra les résultats que début juillet. C’est super bien, non, pour préparer une rentrée ? Plein de parents commencent à mettre leurs gamins ailleurs. Ils (NDLR : les responsables de l’Éducation Nationale) gagnent à attendre. »
Comme Elodie Gardan, son homologue de Buzancy demande un vrai sursis pour 2013.
« On a vraiment la crainte qu’ils reviennent sur leur parole, résume Véronique Boulard-Geoffroy. Mais il n’est pas question de voter sur la fermeture au dernier conseil d’administration avant les vacances ! »
Une concertation qui ne se fait pas selon les règles prévues (« une mascarade ! » selon Frédéric Mathias, maire de Boult-aux-Bois), des peurs de fermetures toujours pas éteintes, bien au contraire : on se demande si le dossier a réellement avancé ces derniers mois. D’où la volonté des manifestants de rester aussi mobilisés qu’au premier jour.

Jacques BERTHION

Article paru dans l’Ardennais du 3 mai 2013:

http://www.lunion.presse.fr/article/ardennes/colleges-la-concertation-est-une-mascarade

Les élus sont furieux

Réunis en petit comité à l’issue de la manifestation, les élus ont affiché leur détermination et une colère rarement vue.
« On est en train de perdre ce qu’on a gagné, ou cru gagner, à Charleville (en février) ! » a résumé Gérard Deglaire.
Les suites de cette réunion, « où des engagements ont été pris devant quarante témoins », les élus ne les digèrent pas.
« Le recteur devait nous adresser un relevé de décision, mais on a dû se contenter d’un article de presse ! » s’est indigné Frédéric Mathias.
« C’est un mépris pour le monde rural et les élus de la République ! » a tempêté le sénateur Marc Laménie.
Jean-Luc Warsmann a souligné un point : « On nous dit que la fusion ferait gagner des classes, mais c’est mathématique. On peut dire ça de n’importe quels collèges en France ! »

Warsmann : « C’est inadmissible ! »

Le député a rappelé que le recteur avait reconnu qu’aucune évaluation des multisites n’avait été réalisée. « Les engagements ont été trahis dès la baisse de 30 heures de la dotation qui a suivi. Et on me rapporte des comportements inadmissibles en groupe de travail : par exemple, des statistiques qui sont distribuées mais reprises aux participants en fin de réunion ! C’est inqualifiable, je n’ai jamais vu ça ! Il n’y a même pas de compte-rendu de réunion rédigé d’un commun accord ! »
« On a l’impression que les résultats sont déjà écrits dans une enveloppe qu’on ne nous montrera que fin juin, a déploré Frédéric Mathias, réactivant la menace d’une pluie de démissions d’élus. Un chef d’entreprise, un agriculteur doit réaliser une étude d’impact avant un projet. Cela est exigé pour construire une porcherie, mais on pourrait se dispenser de toute étude pour fermer des sites de collèges ? »
Une délégation d’élus sera reçue lundi à 16 heures en préfecture.

Article paru dans l’Ardennais du 3 mai 2013:

http://www.lunion.presse.fr/article/autres-actus/les-elus-sont-furieux

Le directeur académique : « Tout est possible »

Contacté, le Dasen (directeur académique des services de l’Éducation nationale) Patrice Dutot répond aux deux points.
Les groupes de travail ? « Ils existent. Après, s’il y a un seul groupe et que les trois thématiques sont abordées en son sein… »
La persistance des menaces de fermeture sur les sites dès la rentrée 2013 ? Interrogé sur l’engagement pris par le recteur en février, Patrice Dutot réagit : « Je crois que tout le monde lit ça d’une drôle de façon. Il ne s’agit pas d’un statu quo. »
Pour rappel, le texte exact du communiqué était « on ne touche pas aux 4 sites à la rentrée 2013 et on ne s’interdit pas de faire évoluer l’organisation des multisites, pour cette même rentrée, si les groupes de travail mis en place montrent qu’il y a un intérêt pour la réussite des élèves ».

Quand le recteur proposait de garder Buzancy…

Le Dasen prend appui sur la fin de la phrase pour en tirer la conclusion que « tout est possible. Il faut laisser les commissions travailler. »
A des questions aussi claires que « une fermeture du site de Buzancy est-elle encore possible à la rentrée 2013 ? » ou « le recteur a bien sursis à fermer Buzancy ? », le responsable ne répond ni oui, ni non.
Mais au détour de ses réponses, on comprend son axe de réflexion : au Chesne, la localisation des 3e est à étudier et à Buzancy, c’est plutôt la pertinence de conserver le site.
Pourtant, pour Patrice Dutot, « il n’y a jamais eu de retour sur la parole donnée » de la part de l’Académie.
Difficile d’approuver quand on relit la suite du communiqué du rectorat : « Si le recteur Cabourdin a proposé de ne pas fermer les sites de Buzancy et du Chesne à la rentrée 2013, il a souhaité engager avec les élus et les représentants de la communauté éducative une réflexion sur l’organisation de ces multisites. »
On comprend que les élus présents à la réunion de février aient un peu de mal dans l’interprétation retenue…

Article paru dans l’Ardennais du 3 mai 2013:

http://www.lunion.presse.fr/article/autres-actus/le-directeur-academique-tout-est-possible

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